Résumé L’emploi croissant des nanoparticules manufacturées dans l’industrie et les laboratoires conduit inévitablement à une augmentation de l’exposition des travailleurs aux nanomatériaux. Si en laboratoire les nanoparticules sont manipulées principalement dans des espaces confinés, il en est tout autrement dans les secteurs industriels de fabrication, de transformation et de manutention de ces produits. Dans ces circonstances, la stratégie de maîtrise des risques passe par le port d’équipements de protection adaptés. Bien que de nombreuses études aient été réalisées sur les équipements de protection respiratoire (masques jetables et intégraux), encore trop peu sont menées sur la protection cutanée et en particulier sur les gants. De plus, les quelques résultats issus de la littérature sont souvent contradictoires. Cette étude s’est articulée autour de trois grandes parties correspondant aux objectifs définis en début de projet. Tout d’abord, il a permis de concevoir un banc d’essai pouvant appliquer des déformations triaxiales dynamiques sur les gants de protection, simulant leur utilisation en milieu de travail. En parallèle, un protocole d’échantillonnage rigoureux a été développé afin de minimiser les contaminations éventuelles. Les mesures des concentrations en nanoparticules dans la solution d’échantillonnage ont été réalisées par spectrométrie de masse, une technique ayant des limites de détection inférieures à une partie par milliard (ppb). La deuxième grande partie du projet a été consacrée à l’acquisition de connaissances sur les mécanismes de pénétration et la cinétique de transport des nanoparticules à travers les matériaux de gants. Plusieurs phénomènes mécaniques ou physico-chimiques ont été reconnus comme étant responsables de la perte d’intégrité des échantillons, favorisant ainsi le passage des nanoparticules. Enfin, à la suite des résultats obtenus précédemment, la dernière partie contient les recommandations émises quant au choix des gants de protection en cas de risque d’exposition aux nanoparticules. Cinq modèles de gants et cinq types de nanoparticules manufacturées ont été sélectionnés pour ce projet. Les gants retenus étaient parmi les plus utilisés dans l’industrie et les laboratoires. Il y avait trois modèles de gants en nitrile de différentes épaisseurs, un modèle en latex et un modèle en néoprène. Deux solutions de nanoparticules d’or, une d’argent, une de dioxyde de silice et une de nanocellulose cristalline ont été étudiées. Sur les cinq modèles de gants, trois d’entre eux ont montré une efficacité satisfaisante contre les nanoparticules utilisées. Cependant, il y a deux modèles en nitrile qui ont présenté une efficacité médiocre, l’un d’entre eux devant même être déconseillé lors de la manipulation de nanoparticules en solution aqueuse. Au regard de ces résultats, il est important de poursuivre cet effort de recherche. Certains paramètres extrinsèques aux matériaux, facilitant le passage des nanoparticules, ont été déterminés et étudiés. Cependant, des travaux futurs seront absolument nécessaires pour définir précisément le rôle des nanoparticules et en particulier l’effet de certains paramètres inhérents comme leur forme, leur charge ou encore leur fonctionnalisation. De plus, une collaboration plus étroite devra être établie avec les manufacturiers de gants pour proposer des matériaux de gants alternatifs offrant une protection accrue contre les nanoparticules.