Résumé Pour voir la vidéo, veuillez activer Javascript et considérez mettre à jour votre navigateur à une version supportant le HTML5. To view this video please enable JavaScript, and consider upgrading to a web browser that supports HTML5 video. De plus en plus d’évidences scientifiques montrent que les risques psychosociaux (RPS), tels une demande psychologique élevée, une faible latitude décisionnelle, un faible soutien social et un déséquilibre entre les efforts et la reconnaissance reçue au travail, contribuent au développement de problèmes de santé psychologique, de troubles musculosquelettiques de même que de maladies cardiovasculaires. Ces atteintes à la santé figurent parmi les principales causes d’absence du travail pour maladie. La littérature sur les interventions préventives en santé psychologique concerne principalement les interventions visant à modifier certaines caractéristiques individuelles (par exemple les habitudes de vie des travailleurs) plutôt que des caractéristiques organisationnelles (par exemple les conditions et l’organisation du travail). Les interventions organisationnelles sont complexes et comprennent de multiples activités touchant simultanément plusieurs risques psychosociaux. Même si plusieurs études montrent la pertinence de ces interventions pour améliorer la santé psychologique au travail, très peu d’entre elles ont tenté de comprendre les facteurs facilitant ou entravant la mise en œuvre de telles interventions. Par ailleurs, les gestionnaires jouent un rôle clé dans l’implantation d’interventions préventives en milieu de travail. Dans ce contexte, l’objectif général de la présente étude consiste à identifier les conditions facilitant ou limitant l’appropriation de démarches préventives en santé psychologique au travail par les gestionnaires. Plus spécifiquement, elle vise à : Documenter les démarches existantes en santé psychologique au travail. Fournir aux gestionnaires des outils de gestion des risques psychosociaux (p. ex. : guides, exemples de bonnes pratiques) en soutien à la démarche en santé psychologique en cours dans leur organisation. Établir des éléments facilitant et entravant a) les démarches organisationnelles en santé psychologique; b) l’adoption de pratiques de gestion favorisant la santé psychologique. Quatre organisations engagées dans une démarche de prévention en santé psychologique au travail ont participé à cette étude longitudinale et 73 gestionnaires ont assisté à la séance d’information sur les outils de gestion des risques psychosociaux. Un devis de recherche mixte a été utilisé. Pour documenter les facteurs facilitant et entravant l’appropriation des démarches organisationnelles en santé psychologique, des entrevues individuelles (N = 25) avec des gestionnaires et intervenants clés ont été réalisées. Pour évaluer les facteurs influençant l’adoption de pratiques de gestion favorisant la santé psychologique par les gestionnaires, deux mesures par questionnaires ont été administrées à trois mois d’intervalle (N = 144 au Temps 1; N = 166 au Temps 2, N = 118 aux deux temps). En ce qui a trait aux facteurs facilitant et entravant les démarches organisationnelles en santé psychologique, les entrevues individuelles ont fait ressortir des facteurs en lien avec le contexte, le processus et le contenu des interventions. Parmi les éléments du contexte organisationnel, l’engagement de la direction dans la démarche est le facteur facilitant le plus rapporté par les participants. L’intégration de la démarche à la planification stratégique et une bonne stratégie de communication pour faire la promotion de la démarche sont aussi considérées comme des éléments facilitant la démarche. Par contre, le manque de proximité des travailleurs, les relations tendues entre les membres engagés dans la démarche et la complexité des démarches sont des facteurs entravants. Sur le plan du processus d’intervention, les ressources internes (ressources humaines et comité intersites) et externes (sources diverses spécialisées) sont considérées comme des éléments primordiaux pour accompagner l’organisation dans la démarche préventive. Cette expertise est d’autant plus nécessaire que les participants eux-mêmes soulignent la complexité et parfois le manque d’appropriation de la démarche. L’engagement des acteurs en présence, soit les gestionnaires, les employés et les syndicats, ressort comme un facteur d’importance qui facilite la démarche, en plus de la nécessité de choisir une personne ressource pour la démarche. Enfin, pour le contenu de l’intervention, on questionne parfois la pertinence et la valeur des activités implantées. Le principal obstacle rencontré en terme d’appropriation du contenu concerne le manque d’outils à fournir aux gestionnaires pour qu’ils puissent intervenir. Les gestionnaires ayant complété l’une ou l’autre des deux mesures par questionnaires ont souligné ce qui pourrait les aider à adopter des pratiques de gestion qui favorisent la santé des personnes. Les besoins les plus fréquemment cités sont : la formation et le coaching, le soutien social (par exemple par le biais d’un programme d’aide aux gestionnaires et des groupes de codéveloppement) et leur besoin de ressources humaines (notamment l’accès à un consultant externe). La séance d’information sur les outils de gestion des RPS offerte par les chercheurs aux 73 gestionnaires avait pour but de mettre en lumière des opportunités d’intervention. À la suite de cette séance, 63 % des gestionnaires adoptent de nouvelles pratiques de gestion des RPS qui sont généralement en lien avec la communication, la formation et la reconnaissance. Parmi ceux ayant adopté une nouvelle pratique de gestion des RPS, 85,7 % ont noté des répercussions positives dans leur équipe, mais 34,5 % ont rencontré des difficultés dans l’implantation de cette nouvelle pratique. En plus de ces nouvelles pratiques, les gestionnaires ayant rempli les questionnaires étaient sondés sur leurs pratiques habituelles de gestion favorisant la santé psychologique. Les gestionnaires qui adoptent davantage de pratiques de gestion favorisant la santé psychologique perçoivent : que leur organisation accorde une priorité élevée à la santé psychologique; qu’ils ont davantage de latitude décisionnelle; qu’ils ont de meilleures relations avec leurs subordonnés; qu’ils ont moins de détresse psychologique; que les hommes et les gestionnaires plus âgés ont davantage tendance à adopter des pratiques de gestion favorisant la santé psychologique des employés. Au plan théorique, cette étude contribue à l’avancement des connaissances sur les modèles d’évaluation d’interventions organisationnelles en prévention des problèmes de santé psychologique au travail. Ce champ de recherche récent est en pleine croissance et cette étude permet de mieux comprendre comment les interventions peuvent être implantées par l’action des gestionnaires. Au plan pratique, en plus d’avoir permis la recension de 25 outils de gestion des RPS, l’étude a permis l’identification d’éléments facilitant et entravant la mise en œuvre d’interventions par les gestionnaires, ce qui permet, le cas échéant, de rectifier le processus d’intervention de manière à prévenir de façon précoce les embûches.