Résumé Les problèmes de santé mentale au travail représentent actuellement l’une des plus importantes causes d’absence au travail, et ce phénomène a connu une croissance marquée au cours des deux dernières décennies. Les travaux entrepris dans le domaine de la réadaptation professionnelle et de la santé mentale au travail ont permis de mettre en évidence l’importance d’une démarche de collaboration entre les acteurs concernés par le processus de retour au travail. Toutefois, si quelques études ont porté précisément sur la réintégration professionnelle de travailleurs déjà insérés en emploi et qui se sont absentés en raison d’un problème de santé mentale, très peu d’entre elles ont porté sur la conception et l’implantation de programmes de retour au travail. Ce document porte sur la conception, l’implantation et l’évaluation d’un programme intégré de pratiques de soutien au retour au travail à la suite d’une absence en raison d’un problème de santé mentale. Le projet de recherche découle d’une demande paritaire faite par un établissement de santé et de services sociaux du Québec pour intervenir sur la problématique des absences et du retour au travail, liée à la santé mentale, au sein de son personnel. Pour ce projet, l’équipe de recherche a mis en place une démarche paritaire à plusieurs volets, en concertation avec un comité-conseil, représentatif de l’ensemble des acteurs concernés. Le mandat du comité-conseil était de participer à une définition consensuelle du problème et des moyens à mettre en œuvre pour soutenir le retour au travail et le maintien en emploi des personnes à la suite d’une absence pour des raisons de santé mentale. Ce comité avait également le mandat d’assurer l’élaboration d’une démarche qui s’appuie sur la cohérence des pratiques entre les différents acteurs du milieu et de convenir des stratégies aptes à favoriser la mobilisation de l’ensemble du personnel de l’organisation autour de cette problématique. Son travail a mené à la conceptualisation d’une théorie de programme et à sa modélisation opérationnelle. La méthode utilisée pour mettre au point le programme de retour au travail à la suite d’une absence pour des raisons de santé mentale s’appuie sur une démarche structurée de collectes d’informations à partir d’une analyse des données d’absence et d’entrevues auprès des acteurs engagés dans le processus de retour au travail afin de déterminer leurs pratiques actuelles; la consultation de documents organisationnels en matière de retour au travail; une recension de la littérature scientifique sur le sujet; une prise en compte des pratiques courantes mises en place dans les milieux de travail concernés par le problème. Ces renseignements ont permis de conceptualiser la théorie de programme composée d’un modèle théorique, d’un modèle logique et d’un modèle opérationnel. Avec la collaboration du comité-conseil, l’équipe de recherche a mis au point une démarche d’accompagnement et de soutien au rétablissement et au retour au travail destinée aux employés absents de leur travail pour des raisons de santé mentale. Cette démarche visait à cibler les facteurs cliniques, personnels et organisationnels qui ont contribué à leur arrêt de travail. La recherche de solutions pour aider les employés à revenir et à se maintenir en emploi a été pour la plupart d’entre eux, un exercice positif. De plus, l’importance accordée à l’accueil, au soutien au travail, à la mise en œuvre de pratiques de rassurance pendant l’arrêt de travail et à la possibilité pour les personnes d’apporter des changements dans le travail apparaît ici être des déterminants pour un retour au travail réussi. Cette recherche a également permis de mettre en évidence que la réussite d’un tel programme de retour au travail ne peut être assurée sans que des conditions essentielles soient présentes: l’établissement d’un climat de confiance marqué par le respect, une communication efficace et une collaboration entre les différents acteurs internes ou externes visés par le retour au travail. Finalement, il est aussi intéressant de constater que les interventions effectuées auprès des personnes absentes peuvent également toucher les autres travailleurs exposés à ces mêmes facteurs de risque. Ultimement, l’approche individuelle d’une telle démarche pourra passer à une démarche organisationnelle touchant les autres travailleurs exposés. Ce rapport de recherche présente donc en détail les différentes étapes de la recherche et les principaux résultats et constats qui en ont découlé.