On a tous notre image des policiers. Pour cause, c’est un corps de métier qu’on croise fréquemment, auquel on fait appel parfois. Ils sont plus de 5 600 à la Sûreté du Québec, 4 000 au Service de police de la ville de Montréal, un peu plus de 700 au Service de police de la Ville de Québec en plus de ceux des autres municipalités du Québec. On a une image, mais on ne connaît pas bien leur réalité. Tout au long de sa carrière, un policier peut faire de la patrouille, bien sûr, mais aussi des enquêtes, être en soutien aux opérations, intervenir auprès des citoyens souvent dans des situations critiques, se déplacer en véhicule à haute vitesse lors de situation d’urgence, etc. Une diversité d’actions qui entraîne ses problèmes particuliers de santé et de sécurité au travail pour lesquels l’IRSST et des collaborateurs d’autres organisations cherchent des solutions.
Améliorer l’habitacle des auto-patrouilles
L’une des premières recherches menées par l’IRSST concernant les policiers, porte sur l’amélioration de l’habitacle des auto-patrouilles. Elle a permis d’établir des spécifications pour mieux adapter les véhicules au travail et à l’ajout de matériel informatique, notamment. En collaboration avec l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires municipales, une fiche vulgarisée a été publiée, mais depuis, les auto-patrouilles ont changé et les associations sectorielles paritaires des secteurs Affaires municipales et Administration provinciale proposent maintenant conjointement, un Guide d’aménagement du véhicule de patrouille.
Attention au sol glissant
Entre 2005 et 2007, les accidents de type glissades, trébuchements et chutes de même niveau ont représenté 12,6 % de l’ensemble des lésions indemnisées par la CNESST. Les policiers et les brigadiers scolaires ont sollicité l’appui de l’IRSST pour les aider à réduire ou prévenir les glissades qui, globalement, représentent près de la moitié de ces accidents. Une étude exploratoire a d’abord été réalisée afin de mieux cibler les interventions de prévention. L’objectif principal était de déterminer des facteurs de risque associés aux accidents de glissade pour proposer des avenues de recherche et répondre aux besoins des travailleurs.
Un rapport intitulé Facteurs de risque associés aux glissades chez les policiers et les brigadiers scolaires – Étude exploratoire a été publié à l’issue de cette recherche. Un article a également été publié dans le magazine Prévention au travail et une conférence prononcée par l’auteure principale.
Les travaux sur ce sujet se poursuivent alors qu’un guide contenant des repères pour l’achat de chaussures de travail pour les conditions extérieures est actuellement en préparation. Une autre recherche comparant des méthodes pour déterminer la résistance des chaussures d’hiver au glissement sur des surfaces glacées a également cours.
Porter les bons gants
Comme les agents de la paix en services correctionnels, les policiers, sont préoccupés par les risques de piqûre avec des aiguilles hypodermiques potentiellement contaminées. Ils doivent donc porter des gants résistant aux piqûres d’aiguilles tout en conservant une dextérité manuelle et une sensibilité tactile adéquates, cependant peu de modèles sont offerts sur le marché. Une équipe a publié un rapport de leur évaluation exploratoire de la dextérité manuelle, de la sensibilité tactile et du confort ressentis par des travailleurs lorsqu’ils portaient des gants résistant aux piqûres d’aiguilles en exécutant leurs tâches. Une conférence a également été prononcée sur le sujet.
Mieux vivre avec les horaires rotatifs
Après avoir déjà démontré qu’une intervention combinant l’exposition intermittente à des lampes de luminothérapie la nuit, le port de lunettes sombres le matin et le maintien d’un horaire stable de sommeil le jour, peut améliorer significativement l’adaptation des rythmes biologiques d’infirmières travaillant sur un horaire régulier de nuit, une équipe de recherche financée par l’IRSST s’est tournée vers les policiers-patrouilleurs.
Cette fois, elle a testé des approches complémentaires de gestion de la fatigue. Une des interventions testées consistait en l’utilisation de lampes ambulatoires de luminothérapie lors des quarts de nuit, le port de lunettes orangées le matin et le maintien d’un horaire régulier de sommeil/obscurité le jour suivant les quarts de nuit. Les changements obtenus sont relativement modestes, ce qui s’explique en partie par une exposition plus faible qu’escomptée aux lampes de luminothérapie durant la nuit. Un degré supérieur d’ajustement circadien ou de performance psychomotrice lors des quarts de nuit a toutefois été associé à l’intervention testée.
Un projet, en cours actuellement, vise à doter les services de police d’outils de gestion de la fatigue à l’intention des policiers en auto-patrouille, scientifiquement validés.
Prévenir le stress post-traumatique
Les policiers doivent composer avec des situations anxiogènes susceptibles de menacer leur intégrité physique ou leur équilibre psychologique, telles que des bagarres, des agressions, des accidents routiers, etc. Deux études sur les facteurs prévisionnels du développement du trouble de stress post-traumatiques suite à un accident critique chez les policiers ont révélé que ceux-ci étaient plus résilients que prévu. Un article sur le sujet a également été publié dans Prévention au travail à la suite de ces études.
Les contraintes ergonomiques du gilet pare-balles
Plusieurs études démontrent une diminution importante des risques d'accidents mortels chez les agents de police qui portent un gilet pare-balles. Certains patrouilleurs sont cependant réticents à le revêtir à cause de l'inconfort qu'il occasionne sur le plan de la chaleur et de la mobilité. C’est particulièrement vrai pour les agents à moto, notamment en raison des conditions particulières de leur travail : proximité de sources de chaleur (moteur); port d’un manteau, de bottes et d’un casque, postures et manœuvres de conduite nécessitant de grandes amplitudes articulaires.
Une recherche en cours vise à documenter les entraves à la mobilité et les astreintes thermiques liées au port de la veste pare-balles par les agents à moto, puis à établir des critères pour choisir ou concevoir des vestes mieux adaptées à leur travail.
La conduite automobile
La conduite représente une composante importante du travail policier. De la patrouille à la conduite en situation d’urgence, le policier doit être constamment à la recherche d’informations pour préserver sa sécurité derrière le volant et celle de la population qu’il dessert. Les policiers ne sont pas à l’abri des collisions routières potentiellement mortelles. Pour mieux comprendre les éléments qui peuvent influencer les comportements des policiers, une étude en cours documente les perceptions et les attitudes face à la conduite automobile chez les aspirants policiers et les policiers en fonction selon différents facteurs sociaux, personnels et organisationnels.
Dans les centres d’appels d’urgence 9-1-1
Au cours des dernières années, à la demande de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires municipales, plusieurs recherches ont, par ailleurs, été menées pour améliorer les aspects de santé psychologique et diminuer les troubles musculosquelettiques chez les préposés aux appels des centres d’urgence 9-1-1.