Résumé Les cancers d’origine professionnelle résultent de l’exposition à un ou plusieurs cancérogènes dans le cadre du travail. Il n’est pas facile d’estimer l’importance des cancers d’origine professionnelle, car les cellules cancéreuses se ressemblent, peu importe leur cause, et que les cancers prennent plusieurs années avant de se manifester. En effet, il est beaucoup plus difficile d’établir le lien d’un cancer avec le travail qu’une chute qui survient au travail sous nos yeux. Fardeau des cancers En 2019, le Centre de recherche sur le cancer professionnel publiait les premiers résultats de son projet de recherche financé par la Société canadienne du cancer et réalisé avec Carex Canada, en collaboration avec plusieurs chercheurs canadiens. Ce projet, intitulé The Human and Economic Burden of Occupational Cancer in Canada (Le fardeau humain et économique des cancers d’origine professionnelle au Canada) avait pour but d’estimer le nombre et la proportion des nouveaux cas de cancer et des décès par cancer attribuables, en 2011, à une exposition professionnelle à des cancérogènes, et d’apprécier l’impact économique de ces cancers. Le but de ce document est de faire ressortir, pour le Québec, les principaux résultats de ce projet de recherche et de communiquer des moyens de maîtrise efficaces de l’exposition professionnelle aux cancérogènes. Le document est destiné à toute personne du milieu de la santé et de la sécurité du travail (SST) ayant besoin de connaître et d’utiliser les données de la recherche de manière stratégique pour résoudre des problèmes concrets, et d’améliorer ou développer de bonnes politiques et pratiques en SST. Résultats Dix-neuf cancérogènes sont présentés, dont onze cancérogènes avérés et huit cancérogènes avérés ou probables, selon la classification du Centre international de recherche sur le cancer. Ce document met l’accent sur onze cancérogènes avérés pour lesquels les preuves sont suffisantes pour démontrer un effet causal. Cinq cancérogènes (rayonnement solaire, amiante, émissions de moteur diesel, silice cristalline, fumées de soudage) causent chacun de 100 à 1 000 cas de cancer diagnostiqués annuellement chez les travailleurs du Québec. Six cancérogènes (radon, nickel et ses composés, hydrocarbures aromatiques polycycliques, arsenic et ses composés inorganiques, chrome VI et ses composés inorganiques, benzène), bien que moins importants quant au nombre de travailleurs exposés ou de cancers associés, sont responsables chacun de 7 à 50 cas de cancer annuellement. Deux cancérogènes avérés et six cancérogènes probables (pour lesquels les preuves d’un effet causal sont limitées) font aussi l’objet d’attention : le travail de nuit et sept pesticides utilisés notamment en agriculture. Les cancers d’origine professionnelle se retrouvent plus souvent au niveau de la peau et des poumons, qui sont les deux principales voies d’exposition des travailleurs. Puisqu’une grande partie des substances toxiques s’élimine par l’urine, la vessie constitue un autre organe souvent atteint à la suite d’une exposition professionnelle. Coût économique Quatre types de cancers (cancers de la peau non mélaniques1, du poumon et de la vessie, ainsi que le mésothéliome de la plèvre2 ) ont fait l’objet de l’analyse du coût économique. Quatre cancérogènes avérés (rayonnement solaire, amiante, émissions de moteur diesel, silice cristalline) sont responsables de ces quatre cancers. En dollars de 2011, le fardeau économique varie, en moyenne par travailleur atteint, de 5 700 $ (certains cancers de la peau) à 1,1 million de dollars (mésothéliome de la plèvre), pour un total de 863 millions de dollars en coûts directs, indirects et en perte de qualité de vie pour les quatre cancers associés aux quatre cancérogènes présentés. La prévention des cancers est donc un enjeu majeur de la SST. La présence de cancérogènes dans les milieux de travail exige de mobiliser les moyens de maîtrise de l’exposition afin de prévenir ces cancers évitables : il faut agir! 1 Les cancers non mélaniques sont les cancers de la peau les plus fréquents, qui peuvent s’étendre sur la peau, mais se propagent rarement à d’autres parties du corps (https://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/cancer-type/skin-non-melanoma/non-melanoma-skin-cancer/?region=qc). 2 Le mésothéliome est un cancer de l’enveloppe de plusieurs organes. Plus de 70 % des mésothéliomes touchent la plèvre, qui enveloppe les poumons (https://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/cancer-type/mesothelioma/mesothelioma/?region=qc) Une fiche de synthèse de 4 pages résumant les principaux du document RG-1137-fr est aussi disponible : Le fardeau (humain et économique) des cancers d’origine professionnelle : une réalité invisible? ● DT-1138-fr