Résumé Pour voir la vidéo, veuillez activer Javascript et considérez mettre à jour votre navigateur à une version supportant le HTML5. To view this video please enable JavaScript, and consider upgrading to a web browser that supports HTML5 video. Dans une optique de rentabilité visant la survie de l’entreprise, et pour répondre aux attentes de qualité du marché, les agriculteurs utilisent des pesticides. La littérature scientifique documente largement les effets à la santé susceptibles d’être liés à l’utilisation des pesticides. Plusieurs auteurs mentionnent l’importance de la voie cutanée comme voie d’exposition aux pesticides. Ce rapport présente le développement d’une méthodologie mixte alliant ergonomie et expologie visant à documenter l’exposition cutanée, les situations d’exposition et les pratiques de prévention associées. Il s’appuie sur un devis de recherche par étude de cas qui se décline en quatre étapes : une étude exploratoire financée par l’IRSST (Champoux, Jolly, Beaugrand et Tuduri, 2018), la collecte terrain de données mixtes (Étape 1), la confrontation des producteurs aux données mixtes (Étape 2), et la bibliothèque de situations d’expositions cutanée et des pratiques de prévention associées (Étape 3). Lors de ces parties, différentes méthodes ont été utilisées : entretiens semi-dirigés (préliminaire, postobservation), entretiens d’autoconfrontation, atelier d’échange, observations filmées, mesures d’exposition cutanée externe avec un vêtement collecteur. Outre les contacts directs avec la formulation commerciale (projection, aérosolisation, déversement), lors de leur activité de travail, les producteurs peuvent entrer en contact avec des résidus de pesticides déposés dans l’environnement en touchant les emballages de pesticides entreposés, le matériel de pulvérisation ou les outils de mesure. Les contacts avec des résidus sont également possibles lors des travaux au verger. Peu d’études se sont intéressées à la présence des résidus de pesticides antérieurement utilisés dans l’environnement de travail. Dans une étude, Champoux et al. (2018) ont dénombré trente-trois situations potentielles (issues de l’observation de l’activité de travail, mais sans mesure de l’exposition) de microexposition lors du cycle complet de l’utilisation des pesticides. Par ailleurs, au travers des observations et des entretiens, des pratiques de prévention ont émergé et se sont avérées complémentaires au port des vêtements de protection. Ainsi, les pratiques de prévention élaborées par les pomiculteurs semblent être une piste intéressante à explorer pour la réduction de l’occurrence des contacts avec les pesticides afin de limiter l’exposition. Étant majoritairement de propriétaires-exploitants de microexploitations, le collectif de travail est quasi inexistant chez les pomiculteurs, ainsi, il y a peu de possibilités d’échanges d’expérience. Toutefois d’après Mohammed-Brahim et Garrigou (2009) et Champoux et al. (2018), le partage des pratiques de prévention pourrait contribuer sensiblement à la réduction des risques liés à l’utilisation des pesticides. Le devis méthodologique élaboré a permis documenter l’exposition cutanée, les situations d’exposition et les pratiques de prévention associées. La mesure de l’exposition cutanée menée à l’aide d’une combinaison Tyvek® (vêtement collecteur) a servi à caractériser l’exposition cutanée aux pesticides lors des tâches de préparation-remplissage et de travaux au verger. Les résultats obtenus avec un petit nombre d’observations révèlent un niveau d’exposition élevé. L’approche mixte, jumelant à la fois l’analyse de l’activité de travail et la mesure d’exposition cutanée à l’aide d’un vêtement collecteur, a permis d’identifier les contacts entre les producteurs et les sources d’exposition. La méthodologie développée a permis un premier pas dans la compréhension de l’exposition en documentant les situations d’exposition. La compréhension des situations d’exposition a été une étape préalable pour construire des outils utilisés lors d’un atelier d’échange permettant aux pomiculteurs de décrire et de partager leurs pratiques de prévention. Les producteurs, à partir des supports vidéo et des résultats d’exposition, ont échangé entre eux sur les pratiques de prévention permettant de réduire leur exposition, ainsi que la contamination de leur environnement de travail et de leur milieu de vie. La bibliothèque, proposée dans le cadre de ce rapport, synthétise les situations d’exposition et les pratiques de prévention à partir desquelles des actions pourraient être envisagées afin de favoriser la réduction de l’exposition cutanée aux pesticides. Ainsi, ce portrait de l’exposition, obtenu avec seulement huit cas, soulève l’importance de mettre en place des mesures pour protéger les producteurs. La variabilité des situations de travail observées et des situations d’exposition recueillies justifie l’importance de la prise en compte de l’activité de travail réelle des producteurs dans le développement des moyens de prévention actuellement en place au Québec.