Résumé Les activités de manutention sont source de blessures musculo-squelettiques – particulièrement au dos – et ont fait l’objet de plusieurs études et d’efforts de prévention au fil des ans. Former les manutentionnaires est une avenue de prévention répandue. Une approche de formation dominante consiste à enseigner des consignes de base qui se matérialisent à travers des techniques standards que les manutentionnaires doivent appliquer en tout temps. Certaines études récentes remettent en question les effets de ces formations tandis que d’autres apportent un regard nouveau sur la réalité du travail de manutention. Des manutentionnaires comptant plusieurs années d’expérience utilisent des façons de faire plus diversifiées que ce qui est enseigné en formation. Leur défi n’est pas tant d’appliquer une technique prédéfinie que d’adapter leurs façons de faire en fonction de la variabilité des situations dans lesquelles ils se retrouvent. Une refonte des formations est essentielle pour être en phase avec l’activité des manutentionnaires. Nous proposons une démarche basée sur l’approche par compétences et sur des règles qui encadrent l’action, plutôt que sur des techniques standards. Issu d’une synthèse critique de la littérature, d’échanges d’un groupe d’experts et de la référence à un cadre théorique qui intègre des concepts provenant de quatre disciplines, ce rapport décrit la démarche proposée, ses fondements théoriques et propose des outils pratiques pour concevoir des formations à la manutention à la fois plus réalistes et spécifiques aux milieux auxquels elles sont destinées. Une stratégie d’implantation en milieu de travail en trois phases est présentée, dont le principe directeur est de partir des situations concrètes de travail et des façons de faire déjà en place, plutôt que d’imposer de l’extérieur ce qui devrait être fait. Bien que la formation soit au cœur de cette démarche, les conditions de travail susceptibles d’influencer la présence des risques lors des activités de manutention sont aussi considérées. Tenir compte des conditions de travail, c’est aussi donner les moyens aux opérateurs d’exercer et de développer leurs compétences. Les questions du temps et de la compétence des personnes appelées à donner cette formation, deux aspects susceptibles de freiner la mise en œuvre de cette démarche, sont traitées. Des remarques sont également formulées sur les règles d’action, qui sont au cœur de cette approche, de même que sur les limites de cette dernière.