Résumé Lors de l’utilisation de protecteurs auditifs ou de prothèses auditives, le fait d’obstruer le canal auditif peut engendrer un effet indésirable et désagréable, appelé « effet d’occlusion », qui se manifeste notamment par la sensation que notre propre voix sonne différemment, avec de basses fréquences amplifiées, qu’elle est distordue. L’effet d’occlusion est souvent considéré comme une source d’inconfort qui entraîne parfois les utilisateurs de protecteurs ou de prothèses à mal les utiliser ou encore à simplement les retirer. Dans le cas des travailleurs, par exemple, le retrait des protecteurs auditifs peut les exposer à des niveaux de bruits potentiellement dangereux, et ainsi leur faire perdre les bénéfices apportés par les protecteurs. Il importe donc de bien quantifier cet effet pour mieux le comprendre ou encore pour guider l’utilisateur dans le choix d’un protecteur plus efficace. L’effet d’occlusion se caractérise par une augmentation du niveau de pression acoustique en basses fréquences dans le conduit auditif occlus, induite par des excitations internes du corps (parole, mastication, respiration, etc.). Ainsi, en apparence, la mesure de l’effet d’occlusion pourrait se faire « tout simplement » en mesurant cette augmentation du niveau de bruit lorsque l’oreille est occluse. Malheureusement, bien que des méthodes de mesure existent pour quantifier l’effet d’occlusion obtenu chez des sujets humains, il n’y a pas de consensus dans la communauté scientifique quant à la meilleure méthode à utiliser et aucune de celles-ci n’est normalisée. Une approche jugée prometteuse consiste à mesurer l’effet d’occlusion à l’aide de microphones placés dans le conduit auditif et à utiliser notre propre voix comme source d’excitation. Ce projet vise à 1) étudier la robustesse d’une telle méthode de mesure objective de l’effet d’occlusion, 2) proposer une alternative originale pour évaluer l’effet d’occlusion, basée sur une seule prise de mesure, et 3) proposer des indicateurs de performance appropriés. Des essais ont été conduits avec deux types d’excitations chez des sujets humains, afin d’analyser comment ces excitations affectent l’effet d’occlusion. Ainsi, différentes excitations vocales (énumération de nombres aléatoires, maintien des voyelles /i/ et /ə/) à différents niveaux d’efforts ont été utilisées, de même que des excitations par conduction osseuse (ossivibrateur et mastication). L’analyse détaillée des résultats a permis de dresser les constats suivants : i) il est possible de définir un indice à valeur unique robuste traduisant l’effet d’occlusion; ii) l’effort vocal a peu d’effet sur l’effet d’occlusion objectif mesuré; iii) l’utilisation de nombres aléatoires plutôt que de voyelles (/i/ et /ə/) facilite l’application de la méthode par effort vocal et permet de diminuer la variabilité intersujets; iv) comme attendu, l’excitation vocale produit un effet d’occlusion inférieur à celui produit sous excitation par conduction osseuse (ossivibrateur ou mastication); v) la mastication comme source d’excitation produit un effet d’occlusion moyen semblable à celui obtenu avec un ossivibrateur; vi) l’excitation par ossivibrateur produit des variabilités intersujets plus importantes que l’excitation par effort vocal avec des nombres aléatoires. La méthode, basée sur l’utilisation de la voix et présentée dans ce rapport, est relativement facile à mettre en œuvre et requiert peu d’équipements difficiles à opérer. En ce sens, elle est bien adaptée à une éventuelle utilisation terrain et pourrait ouvrir la voie à l’élaboration d’une méthode normalisée. À terme, elle devrait faciliter le choix de protecteurs en permettant d’obtenir des indicateurs de performance liés à l’effet d’occlusion, en complément aux indicateurs de performance déjà existants, liés à l’atténuation sonore apportée par les protecteurs.