IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Évolution des indicateurs annuels de lésions professionnelles indemnisées au Québec de 2007 à 2012

Résumé

Jusqu’à maintenant, l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) a produit des indicateurs statistiques de santé et sécurité du travail tous les cinq ans. Le besoin d’obtenir de l’information sur l’évolution annuelle depuis la dernière série d’indicateurs quinquennaux devenait cependant de plus en plus nécessaire. Ces données serviront à mieux connaître les changements récents concernant les indicateurs de lésions professionnelles et à identifier les types de lésions et les industries-catégories professionnelles pour lesquels l’évolution des indicateurs a été la moins favorable. Cette démarche vise à produire des données qui serviront à soutenir la programmation de recherche de l’IRSST.

Pour les années 2007 à 2012, les indicateurs annuels ont été produits à partir de données sur les lésions professionnelles acceptées et sur les lésions avec perte de temps indemnisée (PTI) de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), combinées à celles sur la main-d’œuvre de l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada. Nous avons adapté les données de l’EPA afin d’obtenir l’estimation du nombre de travailleurs en équivalent temps complet (ETC), à partir du nombre d’heures travaillées, pour les années 2007 à 2012.

Outre les nombres bruts de lésions, les indicateurs produits concernent le taux de fréquence ETC des lésions professionnelles acceptées, celui des lésions avec PTI, des lésions ayant nécessité plus de 90 jours indemnisés par la CSST et celui des lésions les plus coûteuses, soit celles supérieures à la moyenne de 2007 (28 014 $ en dollars constants de 2012). Ces deux derniers indicateurs servent à mesurer la fréquence des lésions qui ont eu les conséquences les plus graves  en ce qui a trait aux jours indemnisés et aux coûts.

L’évolution de ces indicateurs a été mesurée à partir de différentes méthodes de régression afin d’estimer la valeur de leurs variations annuelles moyennes et de déterminer si elle est statistiquement différente (p < 0,05) du groupe de référence. Le groupe de référence peut varier d’un indicateur à l’autre, mais il s’agit toujours de celui dont l’indicateur concerné  enregistre l’amélioration la plus marquée  durant la période à l’étude, telle que mesurée par la variation annuelle moyenne.

Durant la période 2007 à 2012, le nombre de lésions acceptées a diminué en moyenne annuelle de 4,4 %, passant de près de 113 000 à moins de 91 000. En ce qui concerne les lésions avec PTI, elles sont passées durant la même période d’un peu plus de 86 000 à un peu plus de 67 000, soit une diminution annuelle moyenne de 5,0 %. Ces baisses du nombre annuel de lésions ne résultent pas d’une diminution du nombre de travailleurs ETC, celui-ci ayant augmenté en moyenne de 1,1 % par année.

Par ailleurs, non seulement la diminution du nombre de lésions professionnelles n’est pas la même pour différentes catégories de lésions mais certaines d’entre elles ont augmenté en nombre, plutôt que de diminuer. Ainsi, les accidents du travail ont diminué de 4,8 %, en moyenne annuelle, tandis que le nombre de maladies professionnelles a augmenté annuellement de 2,7 % durant la période 2007-2012. Les maladies professionnelles acceptées constituent donc une problématique de lésions professionnelles qui est en croissance alors que le nombre d’accidents du travail acceptés diminue.

Durant la période à l’étude, les lésions les plus graves en matière de jours indemnisés, de coûts ou d’atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique (APIPP) ont moins diminué que les lésions les moins graves.

Par ailleurs, le coût moyen des lésions acceptées, en dollars constants de 2012, a augmenté en moyenne de 4,7 % par année, passant de 28 014 $ en 2007 à 34 869 $ en 2012 alors que les coûts globaux se sont maintenus. Il ressort que les lésions professionnelles sont moins nombreuses mais plus coûteuses en 2012 qu’en 2007.

L’analyse des trois taux de fréquence ETC, soit ceux des lésions avec PTI, des cas de plus de 90 jours indemnisés et des lésions acceptées les plus coûteuses, montre qu’il n’y a pas eu de différences statistiquement significatives, selon le sexe et l’âge, quant à leur évolution au cours de la période 2007 à 2012. La seule exception est que le taux de fréquence ETC des lésions les plus coûteuses, pour les 55 ans ou plus, n’a presque pas changé alors que celui des autres groupes d’âge a diminué.

En ce qui concerne les catégories professionnelles, ce sont les travailleurs non manuels dont les indicateurs de fréquence ETC des lésions avec PTI, des lésions ayant nécessité plus de 90 jours indemnisés et des lésions les plus coûteuses ont le moins diminué, comparativement aux travailleurs mixtes et manuels. Il est important de mentionner que les travailleurs manuels restent, et de loin, ceux dont les taux de fréquence ETC des lésions professionnelles sont les plus élevés.

Le taux de fréquence ETC des accidents traumatiques avec PTI a moins baissé que celui des troubles musculo-squelettiques (TMS) avec PTI, soit une diminution annuelle de 4,8 % comparativement à 7,7 % durant la période 2007-2012. Ainsi, en 2012, l’écart entre le taux de fréquence ETC des accidents traumatiques avec PTI (1,4 %) et celui des TMS (0,8 %) est plus grand qu’en 2007.

En ce qui a trait aux descripteurs de lésion, les troubles de l’oreille, principalement la surdité causée par l’exposition au bruit, forment l’un des rares types de lésion à avoir augmenté durant la période 2007-2012. Un autre type de lésions acceptées se retrouve dans cette situation, soient celles attribuables au frottement, à l’abrasion ou à la friction. Par ailleurs, le nombre de lésions coûteuses s’est maintenu ou a légèrement augmenté pour les accidents de transport, pour l’exposition à des substances nocives et pour les accidents survenus alors que le travailleur se penchait, grimpait ou s’étirait.

Il y a cinq industries-catégories professionnelles dont les trois indicateurs de fréquence ont moins diminué que la catégorie de référence de manière statistiquement significative, dans certains cas ils ont même augmenté. Ce sont les travailleurs manuels et mixtes des administrations publiques locales, municipales et régionales; les travailleurs manuels des établissements de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes, des services de soins ambulatoires et de l’assistance sociale; les travailleurs manuels des services d’hébergement; et ceux des magasins de fournitures de tout genre. Il s’agit des industries-catégories professionnelles sur lesquelles notre attention devrait se porter en priorité. Il est à noter qu’il ne s’agit pas nécessairement de regroupements ayant des taux de fréquence ETC de lésions parmi les plus élevés, mais de ceux pour lesquels ces taux ont connu l’évolution la moins favorable au cours de la période étudiée.

 

 

 

Informations complémentaires

Catégorie : Rapport de recherche
Auteur(s) :
Projet de recherche : 2012-0036
Mis en ligne le : 27 mai 2016
Format : Texte