Résumé Pour voir la vidéo, veuillez activer Javascript et considérez mettre à jour votre navigateur à une version supportant le HTML5. To view this video please enable JavaScript, and consider upgrading to a web browser that supports HTML5 video. Au Québec, on observe une hausse de la participation de jeunes étudiants de 15 à 19 ans sur le marché du travail (ISQ, 2014a). Dans une perspective de prévention des blessures liées au travail, il est pertinent de recueillir des données probantes sur les caractéristiques et les trajectoires des jeunes qui effectuent une entrée précoce sur le marché du travail. En 2013, l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) s’est joint à titre de partenaire de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ) dans le but d’intégrer au volet 2013, une nouvelle série de questions sur l’emploi, la santé et la sécurité au travail. Le présent rapport de recherche dresse un premier portrait descriptif des jeunes de 15 ans visés par l’enquête et occupant un emploi pendant l’année scolaire. De manière plus spécifique, cette étude a pour objectifs de caractériser l’entrée sur le marché du travail et de connaître les raisons évoquées pour occuper ou non un emploi durant l’année scolaire; décrire le genre d’emploi occupé, le nombre d’heures travaillées et les horaires de travail; définir les conditions d’exercice du travail; dresser un bilan des blessures au travail et des moyens de sensibilisation aux risques professionnels et comparer l’investissement scolaire et la santé des élèves occupant un emploi pendant l’année scolaire et de ceux qui ne travaillent pas. Les résultats présentés dans ce rapport s’appuient sur les données de l’ÉLDEQ recueillies au volet 2013, alors que les jeunes étaient âgés d’environ 15 ans et que la majorité d’entre eux étaient en troisième secondaire. Pour atteindre les objectifs visés par l’étude, des analyses bivariées, qui consistent à croiser différentes variables se rapportant au travail (types d’emploi, genres de travail, blessures, etc.) entre elles ou selon le sexe, ont été réalisées. Les données présentées ont été pondérées afin de permettre la généralisation des résultats aux élèves nés au Québec à la fin des années 90. Par ailleurs, le plan de sondage complexe de l’enquête a été considéré dans le calcul de la précision des estimations et la production des tests statistiques (test du khi-deux avec ajustement Satterthwaite, test de différence de proportions, test de différence de moyennes). Au volet 2013, une proportion élevée des jeunes âgés d’environ 15 ans (41 %) ont travaillé durant l’année scolaire. Bien que la principale raison évoquée pour occuper un emploi soit la possibilité d’accroître son autonomie financière, d’autres raisons en lien avec le développement social du jeune sont évoquées comme le fait de vouloir acquérir de l’expérience, de développer le sens des responsabilités ou d’accroître son autonomie. Fait intéressant, près de la moitié des jeunes sans emploi ont répondu vouloir travailler. Déjà à 15 ans, des profils d’emplois différenciés selon le genre s’observent, les filles étant plus nombreuses en proportion à effectuer uniquement des petits travaux (52 % c. 30 %) tandis que les garçons travaillent plus souvent pour un employeur ou pour l’entreprise familiale (52 % c. 28 %). Les garçons semblent donc s’insérer plus rapidement que les filles dans le marché du travail « formel », qui est mieux encadré en ce qui a trait aux conditions de travail et à la santé et la sécurité au travail. L’emploi n’est pas nécessairement stable tout au long de l’année scolaire puisque parmi les jeunes ayant travaillé durant l’année scolaire, 29% n’occupaient pas d’emploi au cours du mois précédant l’enquête. Parmi les jeunes effectuant uniquement des petits travaux au cours du moisprécédant l’enquête, garder des enfants est une activité fréquente pour les filles (89,9 %), mais aussi pour près de la moitié des garçons (45,6 %). Lorsque les jeunes travaillent pour un employeur ou pour l’entreprise familiale, tant les garçons que les filles occupent une diversité d’emplois. Pour ces jeunes, près de 80 % avaient travaillé moins de 10 heures par semaine. Le nombre moyen d’heures travaillées varie toutefois selon le type d’emploi occupé, mais également en fonction du genre de travail effectué. Par ailleurs, plus de la moitié des jeunes de 15 ans en emploi visés par l’ÉLDEQ peuvent travailler durant la semaine, soit avant ou après les heures de classe. Bien que le nombre d’heures travaillées soit faible, l’environnement de travail auquel sont exposés les jeunes n’est pas exempt de contraintes physiques. Les garçons sont exposés en moyenne à plus de contraintes physiques que les filles et ils sont plus nombreux à être exposés à des contraintes spécifiques exigeant des efforts physiques. L’étude révèle un lien entre le fait d’avoir été blessé ou d’avoir failli l’être au cours du dernier mois et l’exposition aux contraintes physiques chez les jeunes qui ont travaillé pour un employeur ou l’entreprise familiale. En effet, les jeunes exposés à quatre contraintes ou plus sont proportionnellement plus nombreux à avoir été blessés ou failli l’être que les autres (45 % c. 22 %; données non présentées). Notons que c’est près de 21,3 % des jeunes qui occupent un emploi au cours du mois précédant l’enquête qui déclarent s’être blessés ou avoir failli l’être. De plus, 37,4 % ont répondu avoir ressenti de la douleur souvent/tout le temps à au moins un endroit (dos, cou/nuque, jambes/pieds, épaules, coudes, poignets, mains) après le travail. Soulignons toutefois qu’une forte proportion de jeunes (80 %) a répondu que leurs collègues facilitent l’exécution de leur travail, suggérant des environnements de travail favorables à l’entraide. Les données recueillies et les analyses comparatives ne démontrent pas de différences entre les élèves qui travaillent et ceux qui n’occupent pas d’emploi quant à l’investissement scolaire et à la perception de l’état de santé. Toutefois, les résultats montrent que les jeunes qui travaillent sont exposés à différentes contraintes ce qui suggère d’orienter les efforts de prévention vers les milieux de travail pour que ceux-ci présentent le moins de risques possibles et offrent une formation suffisante en SST afin d’éviter que la trajectoire scolaire et la santé des jeunes ne soient affectées en raison d’un accident de travail. Les résultats de cette recherche proposent quelques pistes d’intervention s’adressant aux élèves et à leurs parents, aux intervenants ainsi qu’aux employeurs. Bien que les étudiants qui travaillent soient considérés comme moins à risque de lésions professionnelles que les jeunes n’étant plus aux études, les résultats de cette recherche soulignent l’intérêt de mener des actions de prévention dans les milieux de travail fortement investis par les étudiants.