Résumé Le cumul études-travail a crû de manière significative au cours des 30 dernières années au Québec. Plusieurs entreprises, notamment dans le secteur des services, comptent sur les étudiants pour pourvoir une partie de leurs besoins en main-d’œuvre. Ces emplois permettent aux étudiants de développer une première expérience professionnelle, mais ils les exposent également, tôt dans leur parcours professionnel, à certains risques professionnels qui peuvent avoir des impacts sur leur santé et leur sécurité. Les conditions d’accueil et d’intégration des nouveaux travailleurs sont de plus en plus reconnues comme une cible de prévention pertinente. À partir d’entrevues menées auprès de 70 étudiants, âgés de 19 à 21 ans et occupant un emploi à temps partiel pendant l’année scolaire, et réalisées dans le cadre d’un projet de recherche plus vaste portant sur le cumul études-travail et la santé et sécurité au travail (SST) (Laberge et coll., 2011), la présente étude propose un portrait descriptif de l’accueil et de la formation que ces derniers ont reçus au moment de leur recrutement. Bien que la majorité des emplois occupés par les participants se rapporte aux secteurs d’activité habituellement investis par les jeunes travailleurs, la plupart d’entre eux n’avaient aucune expérience professionnelle en lien avec leur emploi au moment de l’embauche. Ces emplois apparaissent variés et se retrouvent autant dans les petites que les grandes entreprises ou dans des entreprises franchisées. Malgré cette diversité, les propos des participants révèlent un dispositif d’accueil plutôt minimal dans la presque totalité des cas. Une formation à l’embauche est néanmoins offerte pour la majorité des emplois bien que son étendue soit variable et que sa durée puisse, parfois, se limiter à quelques minutes. Il s’agit surtout d’une formation sur le tas qui se déroule au poste de travail. L’utilisation d’outils comme des vidéos, des DVD, des modules de formation en ligne demeure marginale. C’est surtout grâce aux interactions avec le superviseur et les collègues, donc par socialisation, que certains savoirs essentiels à la prévention sont transmis au nouveau travailleur. Les activités de sensibilisation à la SST et de formation offertes dans les programmes d’études ou par les entreprises contribuent à enrichir le bagage de connaissance en SST des étudiants, bagage qu’ils transfèrent d’un emploi à l’autre. Cependant, il n’est pas rare qu’aucune information ne soit transmise sur les risques et sur les règles de sécurité au moment de l’embauche. Parmi le personnel, le supérieur est celui qui est le plus souvent identifié comme étant la personne qui transmet ce type d’information. Quant aux conseils communiqués par les collègues, ils sont multiples même s’ils portent essentiellement sur la manutention, l’utilisation sécuritaire de machines et d’équipements et la façon de sécuriser son environnement de travail. Deux éléments sont à retenir de cette étude. Premièrement, il semble important de poursuivre le développement d’outils d’information et de sensibilisation à la SST, et surtout de stratégies afin qu’ils soient mieux connus des employeurs susceptibles d’embaucher des étudiants. Deuxièmement, il faut rappeler que ces outils ne sauraient remplacer le rôle clé joué par les superviseurs et les collègues de travail dans la transmission des savoirs de prudence. Des conditions sont donc à mettre en place pour soutenir cette transmission.