Résumé Pour voir la vidéo, veuillez activer Javascript et considérez mettre à jour votre navigateur à une version supportant le HTML5. To view this video please enable JavaScript, and consider upgrading to a web browser that supports HTML5 video. Les travailleurs utilisant des outils portatifs vibrants et/ou des outils manuels (sans vibrations) sont à risque de développer le syndrome du marteau hypothénarien (SMH) et s’exposent ainsi à de lourdes conséquences pour la santé, dont l’amputation des doigts (Thompson et House, 2006; Honma et collab., 2000; Kaji et collab., 1993). En effet, l’artère cubitale de la paume de la main est située en superficie et n’est pas suffisamment protégée par des tissus (par exemple, des muscles). Elle est ainsi particulièrement vulnérable aux coups et vibrations ainsi qu’aux traumatismes répétés à la main, lorsque les travailleurs frappent ou cognent les matériaux usinés en utilisant la paume des mains. La contribution des vibrations reste toujours à documenter tout comme les outils à l’origine du développement de la maladie. Ce syndrome se manifeste par des symptômes de blanchiment épisodique des doigts (phénomène de Raynaud), de douleur aux mains et d’intolérance au froid (Abudakka et collab., 2006; Spencer-Green et collab., 1987). Peu d’articles abordent la question du SMH chez les travailleurs exposés de façon chronique aux vibrations (Marie et collab., 2007). Cette maladie, qui entraîne une thrombose ou un anévrysme de l’artère cubitale, est sous-déclarée, sous-diagnostiquée et se distingue de l’atteinte vasospastique du syndrome vibratoire mains-bras (Abudakka et collab., 2006; Cooke, 2003; Stroud et Thompson, 1985). En effet, il est important de distinguer la thrombose de l’artère cubitale de l’atteinte vasospastique, car cette thrombose peut entraîner des embolies des artères digitales et de là, nécessiter des traitements médicaux et/ou chirurgicaux appropriés. Par ailleurs, la présence d’ulcères digitaux peut laisser suspecter soit une thrombose, soit une atteinte vasospastique sévère; il importe donc de faire la distinction entre ces deux présentations cliniques. Une étude antérieure (Turcot et collab., 2007), qui a impliqué l’examen de 355 dossiers de travailleurs indemnisés par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) pour des doigts blancs, a révélé la présence de 31 cas de thromboses cubitales/radiales, soit un nombre supérieur à ce que la littérature rapporte chez les travailleurs manuels et chez les travailleurs exposés aux vibrations mains-bras. L’étude de ces 355 dossiers a également permis d’identifier 14 cas supplémentaires susceptibles d’être des cas de SMH non diagnostiqués. L’analyse des dossiers d’indemnisation et leur comparaison avec les cas rapportés dans la littérature montre que les mineurs, les travailleurs de la construction et les mécaniciens sont vulnérables au SMH. Au total, les 45 dossiers suggèrent qu’il s’agit là d’un problème important. La présentation clinique des cas est caractérisée par la présence d’épisodes de doigts blancs, de douleur à la main, d’intolérance au froid. Des phénomènes neurologiques d’engourdissement peuvent être présents si la lésion vasculaire irrite les branches nerveuses du nerf cubital. Autant de caractéristiques qui peuvent se confondre avec l’atteinte vasculaire du syndrome vibratoire. Il est important pour le clinicien de distinguer les deux syndromes puisque le traitement diffère selon le cas. Parmi les options thérapeutiques, il y a la thérapie médicamenteuse, le plus souvent complétée d’une chirurgie, et la thérapie conservatrice. Ces trois options sont décrites dans la présente étude qui a permis de mettre en évidence l’absence de consensus médical sur l’approche thérapeutique à privilégier. Finalement, cette étude démontre qu’il est difficile d’isoler le rôle des vibrations des autres facteurs de risque du SMH. De plus, la reconnaissance de la maladie est importante, car elle peut être entièrement prévenue par une modification de l’environnement de travail et l’application de méthodes de travail sécuritaires (Van de Walle et collab., 1998). Aussi, une meilleure prise en charge des travailleurs symptomatiques permet de prévenir l’aggravation de la symptomatologie et d’administrer un meilleur traitement. En ce sens, la présente étude permet de dégager des constats, de formuler des recommandations en matière d’intervention pour mieux prévenir la maladie, de même que d’identifier des pistes de prévention à l’intention des milieux de travail et des avenues de recherche à explorer. Note : La version longue de cette étude sera disponible sur le site web de l’Institut national de santé publique du Québec.