Résumé De nombreux travailleurs sont exposés à un ensemble de particules présentes à une échelle nanométrique. En hygiène du travail, il est commun de différencier les nanoparticules (NP) manufacturées, des particules ultrafines (PUF) qui proviennent de sources naturelle, humaine ou industrielle. Étant donné qu’il existe des lacunes importantes dans les démarches usuelles d'évaluation du risque à ces particules, l’objectif de cette recherche était d’évaluer les expositions professionnelles à des PUF et des NP. L’objectif secondaire était de tester globalement les capacités d’évaluation des expositions professionnelles aux NP et aux PUF dans un contexte industriel et de laboratoire. Deux types d’évaluation ont été principalement effectués durant cette recherche. Le premier concerne l’évaluation des concentrations de particules fines et ultrafines à l’aide d’un compteur de particules (P-Trak, modèle 8525) et le deuxième, l’évaluation de la distribution de la taille des particules fines et ultrafines à l’aide d’un impacteur basse pression à détection électrique (« Electrical low pressure impactor (ELPI) »). Les mesures ont été effectuées dans deux écoles de soudage, dans une aluminerie, dans le centre de recherche d’une entreprise de transformation de matières thermoplastiques et dans trois laboratoires universitaires producteurs et/ou utilisateurs de NP. Les résultats ont révélé que les travailleurs des fonderies d’aluminium, les personnes qui effectuent des tâches de soudage et les travailleurs de l’industrie de la transformation des matières thermoplastiques sont des personnes exposées aux PUF. Toutefois, les évaluations effectuées dans la cadre de la présente étude ne permettent pas de mettre en évidence d’importantes concentrations de NP dans les laboratoires de recherche. Seul un procédé de production de NP par broyage a généré des concentrations détectables de NP. La manipulation de NP dans les boites à gants des deux autres laboratoires semble prévenir adéquatement l’exposition des travailleurs. Il n’y a actuellement aucun consensus concernant les mesures d’évaluation de l’exposition des PUF et des NP. Il a toutefois été démontré dans cette étude que le P-Trak était adapté à l’évaluation des concentrations de PUF alors que plusieurs incertitudes demeurent pour évaluer l’exposition à des NP, notamment relativement à leur forme agglomérée. Au vu de cette recherche, il apparait qu’une étude de caractérisation et de contrôle de l’exposition professionnelle aux NP et PUF devrait inclure une évaluation des concentrations massique et numérique, une mesure de la distribution granulométrique ainsi qu’une caractérisation en microscopie électronique des particules de taille nanométrique.