La Direction des laboratoires de l’IRSST offre une nouvelle méthode d’analyse pour la détermination des fumées d’asphalte dans l’air. Il s’agit de la méthode IRSST 381 intitulée Détermination de la matière organique totale pour fumées d’asphalte, qui est basée sur la méthode MetroPol Fumées de bitume M-2 de l’INRS (France), édition 2016.
Mise en contexte :
Le terme fumées d’asphalte est désignée par le Répertoire toxicologique de la CNESST comme étant l’ensemble complexe des substances émises sous forme de particules, vapeur ou gaz suite au chauffage d’enrobés bitumineux, communément appelés asphalte. Il importe de faire cette précision puisque le terme fumée, en hygiène du travail, est utilisé couramment pour définir un aérosol composé de fines particules solide ou liquide résultant d’une recondensation1.
Au Québec, le RSST stipule une VEMP de 5 mg/m³ en poussières totales (analyse gravimétrique simple) pour la substance « fumées d’asphalte (pétrole) ». De l’information pertinente à ce sujet est toujours disponible dans l’infoLABO 2008-02 (édition mars 2016). D’autres organismes comme l’ACGIH® ont établi des valeurs limites d’exposition basées sur la mesure des matières solubles dans le benzène (MSB). Bien que les MSB soient plus spécifiques que l’analyse gravimétrique simple, les résultats obtenus ne tiennent compte que de la phase particulaire des émissions. Or, depuis plus d’une dizaine d’années, les résultats de diverses études ont mené certains organismes comme par exemple l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS, France) et l’Institut für Arbeitsschutz (IFA, Allemagne) à mettre au point d’autres méthodes d’évaluation tenant aussi compte des contaminants en phase vapeur, souvent soupçonnés de causer des problèmes d’irritations des muqueuses chez les travailleurs. En effet, des études ont conclu que parfois plus de la moitié de la concentration en composés organiques contenus dans les fumées d’asphalte étaient sous forme vapeur. Ces méthodes partagent les caractéristiques générales suivantes : utilisation d’un train d’échantillonnage (filtre et tube adsorbant en série), extraction au solvant organique et quantification de l’ensemble des composés organiques extraits en fonction d’un étalon de référence donné.
Principe de la méthode :
La méthode IRSST 381 utilise un train d’échantillonnage composé d’un filtre prépesé en PTFE, ou teflon, (particules) et d’un tube adsorbant (vapeurs) en série. Suite à l’analyse gravimétrique du filtre, le tube et le filtre sont analysés séparément : extraction au n-heptane et dosage par chromatographie gazeuse avec détecteur à ionisation de flamme (CG-DIF). Tous les composés extraits et détectables sont quantifiés en équivalent hexadécane (C16). Les résultats obtenus par l’analyse CG-DIF constituent la concentration de l’ensemble des composés organiques analysés sans les identifier spécifiquement.
Conditions recommandées :
Code matériel IRSST : |
Code 937, cassette 37 mm contenant un filtre pré-pesé en PTFE (teflon) suivi d’un tube adsorbant contenant 2 sections (100mg / 50 mg) de résine XAD-2. |
Débit recommandé: |
1 L/min |
Volume recommandé: |
250 L |
Principe analytique : |
Gravimétrie et chromatographie gazeuse avec détecteur ionisation de flamme (CG-DIF) |
VMR et CVa : |
Voir fiche substance sur le site Web |
Contrairement à d’autres méthodes similaires à l’IRSST, la cassette et le filtre du matériel #937 possèdent le même numéro d’échantillon sur leur étiquette respective. Il est par conséquent impératif de respecter le jumelage cassette + tube lors de l’échantillonnage.
Informations supplémentaires:
Le résultat produit par l’analyse gravimétrique du filtre du matériel IRSST 937, effectuée selon la méthode IRSST 48-1, est comparable à la VEMP des « fumées d’asphalte (pétrole) » de 5 mg/m³. Les résultats de l’analyse du filtre et du tube adsorbant par CG-DIF sont rapportés en tant que Matière organique totale (MOT) de façon à ne pas créer de confusion puisqu’ils ne peuvent pas être utilisés pour être comparés à la VEMP citée précédemment. L’utilisation du résultat de MOT est toutefois utile pour déterminer le niveau d’exposition lié à l’ensemble des composés organiques émis dans les fumées d’asphalte, avec l’avantage de tenir compte autant de la phase particulaire que de la phase vapeur des composés prélevés. Bien qu’aucune valeur limite d’exposition n’existe pour le moment, des organismes européens poursuivent leurs travaux dans l’objectif d’en proposer une dans un horizon de temps plus ou moins rapproché. À l’IRSST, il est question d’utiliser cette nouvelle méthode pour mieux documenter l’exposition des travailleurs québécois aux fumées d’asphalte. Cela pourrait permettre éventuellement d’obtenir une valeur d’exposition admissible mieux adaptée à la nature de la composition des fumées d’asphalte. Le tableau suivant résume le cadre d’utilisation des méthodes citées dans cet infoLABO.
Méthode |
Code matériel |
Principe |
Conformité à la VEMP « Fumées d'asphalte (pétrole)» |
Analyse de l'ensemble des composés organiques (vapeur et aérosols) |
IRSST 48-1 |
902 |
Gravimétrie |
Oui |
Non |
IRSST 381 |
937 |
Gravimétrie
CG-DIF
|
Oui
Non
|
Non
Oui
|
Pour les clients du laboratoire :
Les intervenants du réseau du MSSS auront accès à cette analyse dans SISAT. Pour la clientèle hors-réseau, un formulaire de demande d’analyses environnementales devra être rempli. Les nouveaux clients privés peuvent ouvrir un dossier à la Direction des laboratoires de l’IRSST en remplissant le formulaire en ligne prévu à cet effet. De l’information supplémentaire sur nos services de laboratoire est disponible sur notre site web.
Pour toutes questions, n’hésitez pas à communiquer directement avec notre service à la clientèle au (514) 288-1551 au poste 315.
Simon Aubin, M. Sc., chimiste, CIH, ROH
Mélanie Huard, M.Sc., chimiste
Direction des laboratoires
IRSST
Référence
DUFRESNE, André, Guy Perrault et Chantal Dion. « Aérosols », In Manuel d’hygiène du travail - Du diagnostic à la maîtrise des facteurs de risque, Édition Modulo-Griffon, 2004, p. 110-128.