Des scientifiques ont étudié l’instrumentation nécessaire et les conditions d’application en situation réelle de divers indices reconnus pour estimer les contraintes thermiques depuis les grands froids jusqu’aux chaleurs extrêmes. Ainsi, les chercheurs ont pu observer des travailleurs à l’œuvre dans le nord du Québec alors que le refroidissement éolien atteignait – 57°C et, à l’opposé, des ouvriers d’une aluminerie où la chaleur s’élevait à tout près de 40°C à proximité des cuves électrolytiques.
« Moins abondante que celle concernant l’astreinte à la chaleur, la littérature scientifique portant sur les réactions physiologiques provoquées par l’exposition au froid nous indique de toute évidence qu’un programme de surveillance doit être établi, particulièrement dans le cas des personnes non acclimatées ou peu habituées à travailler par grands froids, car leur performance que ce soit sur le plan de la dextérité, de la puissance, de temps de réponse ou de la mémorisation sera amoindrie. Ces travailleurs peuvent donc être considérés plus à risque, d’autant plus qu’ils seront moins vigilants lorsqu’exposés à des froids extrêmes », précise Pierre C. Dessureault de l’Université du Québec à Trois-Rivières et auteur principal de l’étude.
Dans le cadre de cette recherche, six indices thermiques ont été analysés en détail; trois d’entre eux s’appliquaient au froid (Saskatchewan, Isolement requis [Ireq] et au refroidissement éolien [WCET]), un au confort thermique (Vote moyen prédit et du Pourcentage prédit d’insatisfaits [PMV-PPD]) et deux mesuraient les conditions excessivement chaudes (norme Predicted Heat Strain [PHS : ISO 7933] et Short-Term Exposure Limit). L’analyse a démontré qu’aucun de ces indices thermiques « n’est parfait ». Ainsi, « ces indices nous permettent d’estimer – et non pas de mesurer – le niveau d’astreinte des personnes exposées à ces ambiances thermiques hostiles et ils ne prennent pas en compte les variations inter et intra individuelles alors que celles-ci sont importantes à considérer », ajoute le professeur Dessureault.
Après étude de la littérature scientifique et observations sur le terrain, les auteurs du rapport recommandent de concevoir un seul et unique outil d’analyse qui offrirait la possibilité d’utiliser à la fois les indices PMV-PPD, le Guide de prévention des coups de chaleur de la CSST, le Wet Bulb and Globe Temperature (WBGT), qui n’a pas fait l’objet d’une analyse détaillée dans la présente étude, car il est très connu et bien documenté, et le Predicted Heat Strain (PHS : ISO 7933). Un tel outil serait bien adapté et applicable aussi bien aux environnements intérieurs qu’extérieurs, en plus de couvrir une large plage d’ambiance thermique.
Les résultats de cette étude financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) peuvent être consultés sans frais à http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-824.pdf.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST