Une mise à jour de la revue de la littérature scientifique publiée entre 2008 et 2013 sur la prévention de l’incapacité prolongée chez les travailleurs atteints de troubles musculosquelettiques (TMS) fait ressortir cinq principaux sujets qui continuent d’intéresser les praticiens et les chercheurs dans le domaine de la réadaptation au travail. Rappelons que les TMS représentent la principale cause d’incapacité et la majorité des maladies liées au travail au Canada. En 2013, la CSST dénombrait, au Québec, près de 25 000 lésions de ce type, soit 28 % de l’ensemble des dossiers de lésions professionnelles reconnues, pour un coût annuel d’environ 650 millions de dollars.
Résultats
Les chercheurs ont sélectionné 76 articles, dont 21 revues de la littérature, quatre articles théoriques et 51 études empiriques réalisées auprès de travailleurs indemnisés atteints de TMS. Le premier sujet d’intérêt concerne les facteurs permettant de détecter précocement l’incapacité dans une perspective de prévention, quel que soit l’angle d’analyse : milieux de travail, système d’indemnisation, soins de santé, etc. L’efficacité des interventions prometteuses au regard du retour au travail, particulièrement les approches ergonomiques constitue le deuxième centre d’intérêt. Suivent la documentation des expériences et des pratiques des acteurs clés en réadaptation et en retour au travail, le contexte d’indemnisation et, finalement, les questions méthodologiques liées à l’élaboration, la validation et l’évaluation des outils de gestion et de prévention de l’incapacité prolongée.
« Bien que les études en matière de prévention de l’incapacité prolongée et des facteurs qui l’influencent soient encore peu nombreuses, des progrès importants ont été réalisés en matière de dépistage. Notre revue de la littérature indique qu’un consensus s’établit au regard de l’importance d’identifier précocement les travailleurs à risque d’incapacité prolongée et d’intervenir de façon ciblée en prenant davantage en considération les croyances et l’environnement de travail ainsi que les facteurs intrinsèques à la personne, tels que l’âge, le sexe, l’origine ethnique pour favoriser un retour au travail sain et durable », précise l’auteure principale de la revue, Iuliana Nastasia, Ph. D. en ergonomie et chercheuse à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).
Stratégies
L’analyse de la littérature a aussi permis de déterminer six stratégies favorables à la prévention de l’incapacité prolongée. En plus de la détection précoce, on retrouve l’intervention ciblée ou l’intervention multimodale pour les cas complexes, l’implication active du travailleur dans sa réadaptation et son retour au travail, l’intervention centrée sur le milieu et l’activité de travail de la personne atteinte de TMS, la prise en compte des conditions et du contexte d’implantation et la collaboration entre les divers acteurs afin de réussir un retour au travail durable. Cette mise à jour démontre également que l’intervention pour prévenir l’incapacité prolongée devrait impliquer l’ensemble des acteurs engagés dans la conception et la mise en œuvre du plan de retour au travail.
Financée et publiée par l’IRSST, l’étude intitulée Prévention de l’incapacité prolongée chez les travailleurs indemnisés pour troubles musculosquelettiques – Une revue systématique de la littérature peut être consultée sans frais à http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-841.pdf.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST