Montréal, le 17 janvier 2018 – Pour nettoyer des pièces souillées par les huiles et les graisses dans les ateliers d’entretien mécanique, les travailleurs utilisent des biofontaines ou fontaines de biodégradation. Or, les dégraissants qu’elles contiennent renferment des bactéries pour lesquelles aucune donnée métrologique n’était disponible pour évaluer le risque d’exposition par inhalation des travailleurs. Pour pallier cette absence de données, des chercheurs ont donc analysé cinq biofontaines durant un an en y effectuant des prélèvements de 50 mL de liquide à tous les deux mois et, pour fins de comparaison, un prélèvement initial de dégraissant qui n’avait jamais été utilisé pour chaque biofontaine. À l’aide de diverses méthodes, les chercheurs ont dénombré et identifié les bactéries qui colonisaient les dégraissants. Ainsi, ils ont détecté 60 espèces bactériennes dans des concentrations variées allant de 3,6 x 104 à 2,6 x 107 UFC/mL dans les liquides utilisés alors qu’une seule espèce, Bacillus subtilis, a été repérée dans les liquides vierges.
« Les microorganismes dont les bactéries font partie se classent en quatre classes infectieuses et les fabricants de dégraissants affirment que leurs produits sont inoffensifs (groupe de risque 1). Pourtant, les analyses de prélèvements que nous avons réalisées montrent que plusieurs des bactéries identifiées appartenaient au groupe 2, soit celui qui représente un risque infectieux modéré pour la personne, mais faible pour la communauté », précise Geneviève Marchand, microbiologiste à l’IRSST. « Des mesures d’hygiène individuelle rigoureuses, dont le lavage des mains avant et après l’utilisation des biofontaines, ainsi que le port de gants sont donc recommandés notamment pour éviter les contacts cutanés », ajoute le professeur Maximilien Debia du Département de santé environnementale et santé au travail de l’Université de Montréal.
L’étude a aussi permis d’établir que les voies respiratoires des travailleurs des ateliers mécaniques qui ont recours à une biofontaine sont très faiblement exposées, même lorsque ceux-ci utilisent une soufflette pour sécher les pièces dégraissées. Les chercheurs concluent qu’aucune protection respiratoire n’est donc nécessaire pour assurer la santé et la sécurité des travailleurs.
Les résultats de l’étude peuvent être consultés sans frais à http://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/100959/n/microorganismes-fontaines-biologiques-degraissage-exposition-entretien-mecanique. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur le Web, Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.
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Source :
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST