L’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) vient de publier la version anglaise d’une étude originale et inédite sur les facteurs de risque et de protection des policiers québécois qui vivent des réactions de stress post-traumatique. On y apprend entre autres que les policiers ne sont pas plus susceptibles que la population générale de souffrir d'un état de stress post-traumatique (ÉSPT) malgré qu’ils représentent une population à haut risque de vivre des événements traumatiques (ET) dans le cadre de leur travail.
Intervention immédiate et postimmédiate
Cette étude confirme également que les symptômes associés au développement de l’ÉSPT chez les policiers peuvent être atténués ou prévenus grâce à des interventions spécifiques et adaptées. Ces symptômes sont notamment la dissociation, les réactions émotionnelles et physiques, l’état de stress aigu, les symptômes dépressifs et les stratégies émotionnelles de gestion du stress. « En intervenant rapidement auprès d’un policier peu après l’ÉT ainsi que dans les semaines qui suivent, les chances d’éviter le développement d’un ÉSPT sont meilleures » estime André Marchand, auteur principal de l’étude, chercheur au Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine et professeur associé à l’Université de Montréal. « Les facteurs qui sont associés à l’adaptation à la suite d’un trauma, comme la personnalité résistante au stress et le soutien social, peuvent, quant à eux, être améliorés grâce au développement de stratégies dites préventives à l’intérieur de programmes de formation du personnel policier », explique M. Marchand qui est aussi professeur titulaire au Département de psychologie de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
Les résultats des analyses descriptives démontrent que les policiers ont recours à divers moyens et stratégies d’adaptation pour faire face à un événement critique au travail. En effet, les policiers mentionnent que d’en parler à leurs collègues, obtenir leur soutien et avoir des loisirs sont des aspects qui les aident particulièrement après un événement traumatique. « Les policiers conseillent même à leurs confrères qui vivent un tel événement de consulter un psychologue et sont eux-mêmes ouverts à l’idée de recevoir un soutien psychologique si le besoin se présente », affirme Mélissa Martin, coauteure et psychologue au Centre d’étude sur le trauma de l'Hôpital Louis-H. Lafontaine.
La recherche
Cette étude, la première de ce type au Québec, pourrait servir de point de référence pour les prochaines recherches utilisant un échantillon de policiers québécois. Les connaissances acquises faciliteront le dépistage et la prévention de l’ÉSPT. De plus, les recommandations permettront au milieu policier d’élaborer des stratégies susceptibles de favoriser à la fois le développement de mécanismes de protection face aux ÉT et la diminution des facteurs de risque. Cette étude pourrait avoir des retombées importantes pour les corps de métiers qui sont également à haut risque de faire face à des ÉT (pompiers, ambulanciers, secouristes, intervenants, etc.)
Quatre-vingt-trois policiers (63 hommes et 20 femmes) provenant du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) et d’autres corps policiers ayant tous été impliqués dans un événement traumatique ont participé à cette étude prospective sur une base volontaire en étant évalués à quatre reprises. Parmi les participants, 64 % ont eu recours à leur arme à feu, 11 % ont fait feu alors que 28 % d’entre eux ont utilisé une autre arme. Un sentiment d’impuissance face à l’ÉT a été rapporté par 80 % des policiers et 59 % d’entre eux ont ressenti une réaction de peur intense. Plus de la moitié des policiers disent avoir vécu de la colère, 17 % de la culpabilité, 2 % de la honte lors de la survenue de l’ÉT.
Consultez l’étude de l’IRSST : http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-710.pdf
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST
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