Montréal, le 7 décembre 2016 – Des chercheurs viennent de dresser un portrait des pratiques de prévention et d’utilisation des pesticides des pomiculteurs québécois. Outre la recension de la littérature sur les risques liés aux pesticides dans le monde agricole et les moyens de protection individuelle et collective, des données originales ont aussi été collectées par le biais de questionnaires auxquels 165 producteurs ont répondu, d’entrevues menées auprès de 15 producteurs et d’observations réalisées dans 12 vergers.
Plusieurs politiques québécoises favorisent une utilisation raisonnée des pesticides pour protéger à la fois la santé des travailleurs et l’environnement, ce avec quoi sont largement d’accord les producteurs. Toutefois, dans un contexte où le métier subit de rapides transformations, les contraintes environnementales et économiques les incitent à recourir aux produits les plus efficaces et à en utiliser des quantités importantes.
L’étude révèle que les mesures collectives et administratives présentent des lacunes importantes. Deux producteurs québécois sur trois utilisaient un tracteur avec cabine au moment de l’enquête. Toutefois, des problèmes liés à la conception, à l’offre, à l’entretien des cabines, ainsi que l’information disponible quant au remplacement des filtres notamment, nuisent à l’efficacité de cette mesure. Quant au délai de réentrée après pulvérisation, il n’est pas toujours respecté, surtout en raison des contraintes de temps des producteurs.
« Dans ce contexte, auquel s’ajoutent les particularités du travail agricole, la protection individuelle joue de facto un rôle de premier plan. Aussi, il était nécessaire d’évaluer dans quelle mesure cette approche donne les résultats attendus. Les données révèlent que la perception du risque des producteurs de pommes est très variable et que leur utilisation des équipements de protection individuelle (ÉPI) n’est ni systématique ni rigoureuse, comme c’est le cas ailleurs dans le monde. Grâce à notre étude plusieurs pistes d’amélioration sont toutefois entrevues concernant entre autres les conditions de travail et d’utilisation des ÉPI, la normalisation, ainsi que le contenu des étiquettes des pesticides qui pourrait indiquer clairement quels sont les équipements de protection requis », ajoute le coauteur Ludovic Tuduri, chercheur à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).
Les chercheurs ont aussi établi une liste d’insecticides et de fongicides dont les producteurs doivent se protéger en priorité, en définissant des indices de risque basés sur les substances actives, leur fréquence d’utilisation, des coefficients de perméabilité cutanée et des valeurs limites d’exposition.
Tout en plaidant pour des actions concertées favorisant l’intégration de la SST à l’ensemble des stratégies de production des pomiculteurs, les chercheurs suggèrent aussi des pistes d’amélioration pouvant être valables pour l’ensemble des producteurs agricoles entre autres pour la conception des cabines de tracteurs et des pulvérisateurs, l’aménagement des lieux de travail, la formation, l’information, de même que les services conseils pour une utilisation sécuritaire des pesticides et des ÉPI.
L’étude peut être consultée sans frais à http://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/100902/n/prevention-risques-pesticides-producteurs-pommes-etat-actions. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur le Web, Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST