Montréal, le 12 avril 2016 – Une part des blessures aux mains, aux doigts et aux poignets pourrait être évitée si les gants de protection étaient plus résistants contre les agresseurs mécaniques tels les pointes ou le tranchant des couteaux, les échardes de métal, les éclats de verre, etc. Les mécanismes de perforation sont encore peu connus. Des chercheurs ont donc voulu étudier le comportement des matériaux de protection contre la perforation et la coupure simultanées. L’objectif étant d’élaborer une méthode d’essai objective pour déterminer la résistance à la perforation/coupure d’un matériau par un objet pointu et tranchant.
Pour ce faire, ils ont effectué des tests expérimentaux sous diverses conditions en simulant un agresseur mécanique multiple avec des lames pointues pour étudier le comportement des matériaux les plus fréquemment utilisés soit les caoutchoucs à base de néoprène, de butyle et de nitrile, de même que quelques modèles de gants de protection que l’on retrouve en milieu de travail. L’étude prenait en considération la géométrie de la lame (angle de la pointe), les caractéristiques des matériaux (type, épaisseur) et les conditions expérimentales (vitesse de déplacement de la lame, son angle d’attaque, préextension de l’échantillon, support simulant la main, présence d’huile).
L’étude a permis de mieux comprendre les modes de rupture d’un matériau soumis à une perforation/coupure par des lames pointues. Elle a démontré que la résistance des échantillons servant à fabriquer les gants est fortement influencée par la friction entre le matériau et l’agresseur mécanique. « Nous avons élaboré une méthode de caractérisation qui permet d’évaluer objectivement et quantitativement la résistance du matériau à la fois à la perforation et à la coupure. En ayant recours à la microscopie optique, cette méthode permet d’évaluer l’énergie de rupture par unité de surface, qui est une propriété intrinsèque du matériau, c.-à-d. indépendante des géométries de la lame et du matériau, ainsi que l’énergie de friction par unité de surface, qui varie en fonction du milieu environnant, notamment par la présence de lubrifiant entre la lame pointue et le matériau. », explique l’auteur principal, Ennouri Triki, assistant de recherche à l’École de technologie supérieure.
La nouvelle méthode a été testée sur quelques modèles de gants de protection et les résultats indiquent qu’elle peut être applicable aux matériaux hétérogènes, qui sont largement utilisés dans leur fabrication. Une méthode simplifiée a aussi été élaborée pour les gants de très faible épaisseur, qui sont généralement utilisés pour des tâches exigeant une grande dextérité.
L’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), qui a financé cette étude, estime que cet avancement des connaissances devrait permettre aux fabricants de gants et de vêtements de protection de concevoir des matériaux plus performants pour résister aux agresseurs mécaniques multiples.
Les résultats de cette étude intitulée Résistance des matériaux de protection aux agresseurs mécaniques multiples : coupure et perforation simultanées peuvent être consultés et téléchargés sans frais à www.irsst.qc.ca.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST