À des fins exploratoires, des chercheurs ont évalué pour une première fois l’impact de diverses modifications aux traitements de décontamination de l’eau et de l’air des piscines par les sous-produits de la désinfection (SPD), qui sont le résultat des réactions entre le chlore et les matières organiques ou azotées présentes naturellement ou introduites par les baigneurs. Dans une piscine couverte de la région de Montréal dotée d’un bassin en forme de L pouvant accueillir 300 baigneurs et nécessitant l'embauche de 90 travailleurs, les chercheurs ont analysé l’eau et l’air lors de deux campagnes d’échantillonnage réalisées l’une en été, l’autre en automne et en hiver, dans des conditions d’achalandage différentes (avec ou sans baigneurs).
L’équipe de recherche a ainsi mesuré les concentrations des SPD dans l’eau de la piscine et dans l’air environnant afin d’évaluer l’impact de l’application de quatre traitements : 1) activation additionnelle du rayonnement ultraviolet (UV); 2) arrêt du stripage (brassage de l’eau) avec conservation de la ventilation dans le bassin d’aération; 3) arrêt du stripage et suppression de la ventilation; 4) élimination du floculant (PASS).
Selon l’étude, les concentrations de SPD dans l’eau et dans l’air étaient deux fois plus élevées en automne et en hiver par rapport à celles mesurées en été, en absence de baigneurs. De plus, les analyses démontrent que le traitement par rayonnement UV semble causer une augmentation potentiellement élevée de certains SPD, mais une nette diminution d’autres.
Pour sa part, l’utilisation du stripage réduit la présence des contaminants volatils, mais pourrait devenir problématique en cas de défaillance du système de ventilation.
Quant à l’utilisation du PASS, elle ne semblait pas avoir d’effets, excepté sur une espèce de SPD qui augmentait légèrement.
« L’étude étant exploratoire, ses résultats ne peuvent être généralisés pour évaluer les différents procédés de traitement ou les risques sanitaires auxquels les travailleurs en piscine sont exposés, ce qui toutefois n’enlève rien à leur pertinence puisqu’ils nous aident à mieux comprendre la dynamique de ces contaminants. Elle a aussi le mérite de sensibiliser les responsables à la nécessité de choisir un procédé de désinfection en fonction du contexte spécifique d’une piscine et des problématiques qui en découlent en ce qui a trait à la contamination causée par les SPD de façon à assurer une meilleure protection aux travailleurs », a précisé l’auteur principal, Robert Tardif, toxicologue au Département de santé environnementale et santé au travail de l’Université de Montréal.
Rappelons que la Société de sauvetage estime qu’il y aurait au Québec plus de 18 000 préposés à la surveillance aquatique (surveillants-sauveteurs, moniteurs, etc.) dont l’âge varie pour la majorité d’entre eux entre 16 et 24 ans, et qui œuvrent dans environ 3 300 installations aquatiques, dont près de 850 piscines intérieures. Pour leur part, les partenaires membres du comité de suivi du projet ont exprimé le souhait qu’une étude plus large visant à élaborer des stratégies pour contrôler le niveau de contamination par les SPD soit réalisée.
Les résultats complets de cette étude financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) peuvent être consultés sans frais de même que ceux d’une étude complémentaire sur l’exposition des travailleurs des piscines aux SPD.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST