Montréal, le 12 février 2020 – Malgré les mesures préventives mises en place pour protéger les travailleurs contre les effets directs de la chaleur, elles n’empêchent pas la thermorégulation, qui est un mécanisme interne permettant de réguler la température du corps humain, de se produire. Une exposition à la chaleur combinée à des substances chimiques volatiles peut entraîner des variations dans l’absorption par inhalation et dans la cinétique de ces substances, biaisant ainsi l’évaluation des données de biosurveillance. Une étude, financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), a permis d’analyser l’influence de la température sur différents paramètres physiologiques et sur la cinétique de trois solvants industriels volatils connus, soit le toluène, l’acétone et le dichlorométhane.
Divers tests effectués
Pour y arriver, des volontaires masculins ont été exposés en salle d’inhalation à différentes températures, avec ou sans solvant. « Dans un premier temps, les températures corporelles et plus d’une vingtaine de paramètres cardiopulmonaires ont été mesurés chez des sujets lors de séances d’exposition à 21, 25 et 30°C, et ce, pendant quatre heures » mentionne Sami Haddad, chercheur et professeur titulaire à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. La deuxième étape était constituée de duplicatas de ces séances d’exposition, mais cette fois-ci, en présence de chacun des solvants d’intérêt. « Les sujets mâles étaient alors exposés conjointement à la chaleur et à des concentrations de solvants égales aux valeurs d’exposition moyenne pondérée en vigueur au Québec, respectivement 45, 50 et 500 ppm pour le toluène, le dichlorométhane et l’acétone », précise Sami Haddad. Grâce à des échantillons d’air alvéolaire, de sang et d’urine qui ont alors été prélevés sur les sujets, les chercheurs ont pu déterminer les concentrations de solvants ou de leurs métabolites.
Des effets constatés
La température interne moyenne a très peu varié entre les différentes températures d’exposition, soit moins de 0,2°C. « Nous avons noté que les taux de consommation d’oxygène et les débits cardiaques ont augmenté en fonction de certaines températures d’exposition, relate le chercheur. Dans l’urine, une diminution des concentrations d’acétone a été observée à la fin de l’exposition, mais ce n’était plus le cas dans les échantillons prélevés deux heures plus tard. » Certaines variations de température peuvent aussi entraîner des augmentations de concentrations sanguines de certains solvants jusqu’à 28 %.
Cette étude a permis de conclure que l’interprétation des valeurs d’indices biologiques de l’exposition devrait tenir compte de la température d’exposition, plus particulièrement pour l’interprétation des concentrations sanguines. De futures études sont recommandées pour continuer d’approfondir l’impact du stress thermique chez des travailleurs.
Vous pouvez consulter le rapport Impact d’un stress thermique représentatif des milieux de travail sur l’absorption pulmonaire et la toxicocinétique de trois solvants organiques sur le site Web de l’IRSST.
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Source
Noémie Boucher
Conseillère en communications, IRSST
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