Chaque année, des travailleurs immigrants s’ajoutent à la main-d’œuvre du Québec modifiant ainsi la composition démographique et ethnoculturelle des milieux de travail. Afin de mieux connaître les caractéristiques du travail des immigrants pouvant avoir des conséquences sur la prévention des lésions professionnelles, des scientifiques de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) ont analysé des études quantitatives qui documentaient les particularités du travail des immigrants et les risques pour leur santé et sécurité. Les auteurs ont également analysé le contenu d’enquêtes populationnelles susceptibles de documenter les risques à la SST des travailleurs immigrants.

Plusieurs différences ont ainsi été relevées par rapport aux travailleurs natifs du Canada. Ils éprouvent au départ une plus grande difficulté d’intégration au marché du travail que la population née au Canada. La reconnaissance de leur expérience, de leurs titres de compétence et de leurs diplômes, ainsi que la barrière linguistique, sont des facteurs pouvant contribuer à ces difficultés. Plusieurs études rapportent peu ou pas d’écarts pour certaines conditions de travail et d’emploi (formation, cumul d’emploi, taille d’entreprise, etc.) mais les résultats diffèrent selon les variables considérées, la méthodologie choisie et la source de données utilisée. D’autres études montrent que les immigrants seraient davantage exposés à certains facteurs (emploi exigeant physiquement, type d’horaire de travail, etc.) associés aux risques de lésions professionnelles. Par ailleurs, l’étude révèle que certaines variables (durée de résidence, profession, secteur d’activité économique, type de lien d’emploi, etc.) peuvent s’avérer utiles pour identifier des groupes plus vulnérables.

« L’inventaire de 12 sources de données accessibles que nous avons analysées ne permet pas de dresser un portrait complet et détaillé des travailleurs immigrants et de leur SST. S’il y figure des variables relatives à l’organisation du travail, elles portent davantage sur la durée du travail que sur les aspects psychosociaux. Il n’y a pas non plus de données probantes sur la formation qu’ils reçoivent et l’information en matière de prévention qu’on leur communique. Ces lacunes informationnelles nous empêchent également de documenter avec précision les atteintes à la santé et à la sécurité des immigrants qui sont associées à leur travail », indique la scientifique Pascale Prud’homme, de la Direction scientifique de l’IRSST.

Dans le but d’améliorer la prévention des lésions professionnelles et de mieux planifier la recherche, les scientifiques notent que l’ajout de variables spécifiques à l’immigration et la SST dans les données de Statistique Canada et de la CSST permettrait de mieux documenter la situation des travailleurs immigrants.

Les résultats de cette étude peuvent être consultés sans frais à http://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/100841/n/travailleurs-immigrants-sst-quebec-statistiques-recension. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur le Web, Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.

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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST