Montréal, le 21 avril 2015 – À l’aide des dossiers d’indemnisation de la CSST et de modèles mathématiques qu’ils ont conçus, des chercheurs ont voulu explorer le lien entre les hausses des températures estivales et les concentrations d’ozone, et l’augmentation du nombre de lésions professionnelles. Pour ce faire, ils ont identifié les problèmes de santé qui étaient dus à une exposition à la chaleur ou à l’ozone, de même que les accidents de travail s’étant produits l’été au Québec entre 1998 et 2010. En tenant compte du lieu où avaient été enregistrées ces lésions professionnelles dans les 16 régions sociosanitaires du Québec, les chercheurs les ont associées aux relevés de température effectués chaque jour par Environnement Canada. L’objectif était de documenter les associations entre la température estivale et les concentrations d’un polluant atmosphérique, l’ozone au sol, et les lésions professionnelles indemnisées, ce qui n’avait jamais été réalisé au Québec.
Les modélisations des chercheurs suggèrent que le nombre quotidien d’accidents du travail et de problèmes de santé liés à la chaleur augmentent respectivement de 0,2 % et de 42 % pour chaque hausse de 1 oC de la température maximale, et ce, même à des températures qui ne sont pas extrêmes. Les estimations de risque pour les problèmes de santé étaient similaires pour les hommes et les femmes, alors que pour les accidents du travail, les risques étaient statistiquement plus élevés chez les hommes. Par rapport au secteur industriel, comme prévu ceux dont les activités se déroulent à l’extérieur sont les plus à surveiller, telles la foresterie, la pêche et la construction.
« Bien qu’il faille interpréter avec prudence les résultats de cette étude en raison de ses limites, il demeure que les données d’indemnisation peuvent être utilisées comme indicateurs-sentinelles pour déterminer des sous-groupes de travailleurs plus sujets aux effets de la chaleur estivale », précise l’auteure principale, Ariane Adam-Poupart, qui a aussi observé une tendance positive entre les atteintes respiratoires aiguës et les estimations des concentrations d’ozone, même si la faible puissance statistique de l’étude empêche toute conclusion ferme à ce sujet.
Comme les prédictions climatiques suggèrent une possible augmentation des concentrations d’autres polluants de l’air extérieur, dont les particules de toutes tailles, les composés organiques volatils, les pollens et autres aéroallergènes (moisissures, spores et mycotoxines) et que cette pollution peut causer des maladies respiratoires et cardiaques, les chercheurs estiment qu’il y aurait lieu de mieux caractériser l’exposition aux différents polluants atmosphériques chez les travailleurs, notamment chez ceux qui occupent des emplois se pratiquant à l’extérieur sur de longues périodes et qui exigent un effort physique important.
Financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), cette étude peut être consultée sans frais à http://www.irsst.qc.ca. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.
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Source :
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST