L’absence de cellules appelées éosinophiles dans l’inflammation qui accompagne l’asthme professionnel est un signe permettant d’établir un meilleur pronostic chez les sujets qui subissent un asthme plus sévère et dont la maladie n’évolue pas aussi favorablement que ceux ayant une réponse éosinophilique. C’est la conclusion à laquelle en arrive une étude que vient de publier l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).
L’asthme professionnel est causé par une réaction allergique à des substances présentes en milieu de travail. Cette inflammation correspond la plupart du temps à la présence d’éosinophiles dans l'expectoration. Or, certaines personnes qui souffrent d’asthme professionnel ne présentent pas d’inflammation éosinophilique lorsqu’elles sont exposées à un produit auquel elles sont allergiques. Pour déterminer si la présence de cette cellule pouvait avoir un impact sur la sévérité et l’évolution de cette maladie respiratoire, des chercheurs ont minutieusement réévalué des travailleurs cinq ans après que ceux-ci eurent subi des tests de provocation bronchique spécifiques (TPS) démontrant qu’ils souffraient d’asthme professionnel. Ils ont par la suite comparé la sévérité de la maladie respiratoire des sujets chez qui ont avaient décelé la présence d’éosinophiles avec celle des sujets qui n’avaient de réponse éosinophilique.
Quarante-quatre travailleurs ayant fourni un échantillon d’expectoration valide avant et après le TPS ont été étudiés. Quinze d’entre eux ne présentaient pas de réaction éosinophilique. « Au moment du diagnostic, chez ces 15 travailleurs, l’obstruction bronchique était légèrement plus marquée, mais ils ne démontraient pas davantage d’hyperexcitabilité bronchique que les 29 autres. Cinq ans plus tard, le volume d’air expiré maximal en une seconde (VEMS) était plus bas chez les candidats non-éosinophiliques, leur obstruction des bronches était plus importante, de même que leur hyperexcitabilité bronchique. De plus, on constatait chez ces sujets une tendance à montrer plus de difficultés à maîtriser leur asthme », explique le Dre Catherine Lemière, pneumologue à l’Hôpital du Sacré-Cœur et auteure principale de l’étude.
Cette recherche, dont les résultats peuvent être consultés au http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-809.pdf, semble être la première qui démontre qu’une réponse non éosinophilique, lors de l’exposition à un agent allergène, rend plus difficile d’établir un pronostic sur l’évolution de l’asthme professionnel. Même si les différences entre les deux groupes sont statistiquement et cliniquement significatives, les résultats de cette étude devront être confirmés avant de pouvoir être appliqués en pratique clinique, mais il est clairement démontré qu’un suivi plus serré auprès des patients non-éosinophiliques est recommandé afin d’optimiser leur prise en charge.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST