IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

État des lieux des parcs éoliens

  • 12 mai 2014

Près de 3 000 éoliennes de 80 à 100 mètres de hauteur seront disséminées sur le territoire québécois d’ici 2015 et plus de 1 000 travailleurs y trouveront un emploi à temps plein. Le développement accéléré de l’énergie éolienne a incité des chercheurs à dresser un état des lieux en établissant un portrait de la santé et de la sécurité au travail (SST) de l’industrie, ce qui n’avait jamais été fait. En excluant les lésions professionnelles survenues dans les usines et les lieux de production des éoliennes, ils ont recensé à travers le monde 148 accidents ayant causé 35 pertes de vie et des blessures à une centaine de travailleurs entre 2000 et 2010 et établi que les risques associés au secteur éolien étaient nombreux : travail en hauteur, en espace restreint, électricité sous haute tension, pièces en mouvement, conditions atmosphériques difficiles, etc., sans compter que le cadenassage est difficilement applicable. De plus, le  travail peut s’effectuer en régions éloignées, en mer ou dans des endroits difficiles d’accès, ce qui ne facilite pas le travail des secouristes.

Au Québec, trois principaux facteurs de risque sont considérés pour assurer la sécurité des travailleurs : les conditions climatiques, la formation de glace sur l’éolienne et la présence d’éclairs. Pour décrire la réalité de la SST dans cette industrie, les chercheurs ont entre autres effectué trois séries d’observations dans un parc éolien. Ils ont aussi recensé les plans de prévention existants au Canada, aux États-Unis et en Europe pour constater que les pratiques de prévention sont limitées, que les programmes de prévention sont peu détaillés, sans compter qu’ils n’intègrent que partiellement les caractéristiques de ce secteur d’activité. « Les fabricants d’éoliennes exercent un rôle majeur dans la définition des mesures de sécurité et de prévention, car tous les documents techniques de travail sont conçus par eux. En général, ce sont eux qui influencent l’approche sécuritaire, la vision et la philosophie de prévention. Sur le terrain, on a observé plusieurs cas où les travailleurs et techniciens connaissent l’existence d’un plan de prévention dont ils ont parfois lu le résumé, mais l’accès aux directives et aux protocoles décrits dans le plan demeure difficile », explique l’auteur principal, Jean-Louis Chaumel, professeur à l’Université du Québec à Rimouski.

Le rapport suggère plusieurs recommandations : 1) déterminer les risques par le biais d’observations et d’analyses sur le terrain; 2) mettre en place des programmes de prévention adaptés aux conditions de travail du Québec et facilement accessibles; 3) fournir une formation adéquate; 4) élaborer des protocoles de sauvetage en cas d’évacuation par des équipes spécialisées ou par hélicoptère; 5) doter les ambulances des régions où l’on trouve des parcs éoliens d’un système GPS et 6) réaliser davantage d’exercices d’évacuation, notamment avec les services de sauvetage héliportés de la Sûreté du Québec.

Les résultats de cette recherche peuvent être consultés sans frais à http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-820.pdf .

-30-

Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST