Montréal, le 11 octobre 2019 – Les éleveurs de porcs du Québec sont quotidiennement exposés à d’importantes quantités de gaz, d’odeurs, de poussières et de bioaérosols, les rendant plus à risque de développer des problèmes respiratoires et des maladies infectieuses. En réalisant leurs tâches, les travailleurs peuvent également être en contact avec des bactéries résistantes aux antibiotiques (lors de l’engraissement des animaux). Par l’inhalation des bioaérosols, la flore nasopharyngée des éleveurs de porcs peut également contenir des bactéries ou des gènes de résistance aux antibiotiques présents dans l’air des bâtiments d’élevage.
Plusieurs technologies permettent de diminuer les concentrations de gaz, d’odeurs ou de poussières à l’intérieur des bâtiments, mais il n’y a aucune donnée, que ce soit sur la réduction des bioaérosols ou sur l’effet synergique de leur combinaison. L’objectif général de cette recherche financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) consistait à proposer une solution efficace et économiquement viable de réduction des contaminants de l’air, afin de protéger la santé de ces travailleurs.
Contaminants biologiques présents
« Les résultats de cette recherche ont permis de démontrer la présence de plusieurs pathogènes humains et de gènes de résistance aux antibiotiques à la fois dans les bâtiments d’élevages porcins et dans la flore nasopharyngée des travailleurs », mentionne Caroline Duchaine, cochercheuse et professeure titulaire au Département de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique de l’Université Laval. L’air des 10 élevages de porcs du Québec à l’étude comportait d’importantes concentrations en poussières totales, en endotoxines et en bactéries cultivables et totales. « Les concentrations en poussières totales n’ont toutefois jamais été supérieures à celle normée dans la Loi sur la santé et la sécurité du travail, soit 10 mg/m3 », précise la chercheuse. L’analyse des résultats a révélé une prévalence plus élevée des différents agents biologiques chez les éleveurs. Il a été également possible d’établir une corrélation entre la diversité bactérienne de la flore nasopharyngée des travailleurs de porcheries et celle des bioaérosols trouvés dans les bâtiments d’élevages porcin.
Les gènes de résistance au zinc et au cadmium (czrC) se retrouvaient dans les bioaérosols de tous les élevages de porcs. « La présence de gènes de résistance aux antibiotiques dans l’air de 60 % des élevages est problématique d’un point de vue de la santé publique, considérant que certains sont employés dans les hôpitaux afin de soigner de sévères infections telles que les méningites bactériennes », renchérit Matthieu Girard, chercheur principal du projet et ingénieur à l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA). Finalement, des gènes de résistance à la colistine ont aussi été détectés dans 60 % des porcheries échantillonnées.
Trois stratégies ont été testées seules et en combinaison pour réduire les gaz, les odeurs, les poussières et les bioaérosols, soit : la séparation à la source des phases liquide et solide des déjections, l’aspersion d’huile et la filtration de l’air sortant du bâtiment d’élevage. Il a été conclu que les trois stratégies devraient être utilisées simultanément, permettant de réduire significativement les contaminants de l’air. « Cependant, pour favoriser leur adoption par les producteurs, il serait pertinent d’effectuer une analyse économique pour connaître le potentiel commercial de ces stratégies de réduction des contaminants de l’air », conclut Matthieu Girard.
Pour lire le rapport complet : https://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/101046
Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST : Web, Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.
-30-
Source
Noémie Boucher
Conseillère en communications, IRSST
514-288-1551, poste 206
[email protected]