IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Agriculture : Étude sur les insecticides de type pyréthrinoïde

  • 21 mai 2019

Montréal, le 21 mai 2019 – Au Québec, les agriculteurs utilisent largement des insecticides de la famille des pyréthrinoïdes, particulièrement la lambda-cyhalothrine (LCT), pour protéger leurs cultures maraîchères des insectes nuisibles. Or, il existe peu de données sur les effets des molécules de cet insecticide chez l’humain, même si des cas d’intoxication ayant causé des affections respiratoires et neurologiques sont rapportés. L’interprétation des données de surveillance biologique nécessite une bonne connaissance du comportement toxicocinétique de la substance d’intérêt dans l’organisme humain, afin de pouvoir relier les niveaux de biomarqueurs chez les travailleurs aux doses réellement absorbées. Dans une étude précédente, ce lien a été établi par l’équipe de recherche pour la perméthrine et la cyperméthrine. Les chercheurs ont donc voulu approfondir la question pour la lambda-cyhalothrine afin d’être en mesure de mieux évaluer les risques et d’interpréter avec plus d’exactitude les données de biosurveillance.

Dans un premier volet, ils ont exposé des volontaires (3 femmes, 5 hommes) à de faibles doses de LCT par voies orale et cutanée afin d’établir les profils des biomarqueurs d’exposition dans le plasma et l’urine. À partir des données recueillies, ils ont élaboré, dans le deuxième volet, un modèle toxicocinétique de la LCT et de métabolites pouvant servir de biomarqueurs d’exposition pour mieux suivre leur évolution dans l’organisme humain.

« Les résultats de cette étude montrent que lors d’ingestion ou de contact cutané, la lambda-cyhalothrine pénètre rapidement dans le corps d’une personne exposée, mais elle est rapidement éliminée. La mesure des métabolites reflète donc l’exposition récente à cet insecticide. Nos travaux ont également mis en lumière que la vitesse d’absorption et d’élimination de la LCT est différente selon que l’exposition se produit par voie orale ou cutanée. Par contre, la modélisation a permis d’établir que la peau laisse peu pénétrer ces molécules de telle sorte que les doses d’exposition des travailleurs doivent être très élevées pour contribuer de façon significative aux quantités totales absorbées par la combinaison des voies orale, cutanée et respiratoire », conclut l’auteure principale, Michèle Bouchard, directrice du Département de santé environnementale et santé au travail de l’Université de Montréal.

Enfin, le projet a permis de déterminer une valeur de référence biologique qui pourrait être utilisée comme repère pour évaluer les risques d’exposition pouvant être néfastes pour la santé des travailleurs agricoles qui épandent ce pyréthrinoïde ou exécutent des travaux dans des zones ayant fait l’objet d’un traitement.

L’étude intitulée La lambda-cyhalothrine comme insecticide en milieu agricole ‒ Étude de la toxicocinétique de biomarqueurs pour le suivi de l’exposition des travailleurs (R-1043) peut être consultée sans frais à     
https://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/101029/lambda-cyhalothrine. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur le Web, Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.

 

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Source

Noémie Boucher

Conseillère en communications

IRSST