Montréal, le 17 mai 2018 – Des chercheurs ont voulu savoir pour quelles raisons l’efficacité des formations en matière de manutention manuelle est souvent remise en question en raison de ses effets limités sur la prévention des maux de dos et des troubles musculosquelettiques (TMS). Pour ce faire, ils ont recensé 77 articles scientifiques tirés de 5 méta-analyses et les ont étudiés à l’aide de 86 variables. Les articles ont ensuite été regroupés en fonction de 4 critères retenus pour évaluer la qualité d’une formation.
L’étude nous apprend que les formations en entreprise sont les plus courantes (51/77), mais aussi qu’elles se déroulent parfois en laboratoire ou en établissement scolaire. Elles utilisent des dispositifs variés dans des contextes divers, ce qui contraste avec l’uniformité des contenus qui sont essentiellement axés sur l’adoption de la technique sécuritaire dite dos droit – genoux fléchis. « Ce contenu standardisé s’inscrit dans une logique de formation où le manutentionnaire et ses comportements sont au cœur des intentions pédagogiques. Peu de cas sont faits des interactions du travailleur avec son environnement. Il apparaît que, pour la grande majorité d’entre eux, les contenus de formation sont prédéterminés et exportables d’un milieu de travail à l’autre, et ce, malgré la variabilité des contextes. À lui seul, cet aspect de la formation explique son inefficacité à prévenir les lésions professionnelles. Les contenus doivent donc être revus », précise un des auteurs, l’ergonome Denys Denis de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST)
Parmi les idées formulées, les chercheurs estiment que, malgré un certain potentiel en matière de prévention, la technique dos droit – genoux fléchis ne doit plus être le « savoir dominant »; elle doit être complétée par des contenus spécifiques au contexte réel de travail. Une formation devrait offrir plus de possibilités opératoires aux manutentionnaires et leur permettre de s’adapter à leur situation dynamique de travail.
Sur le plan de l’évaluation de l’efficacité des formations, les chercheurs constatent un biais de sélection des études. « Il appert que cet effort d’évaluation se fait parfois au détriment de l’objet à évaluer. Une formation « simple » semble mieux se prêter aux modalités de son évaluation, mais est-elle la plus adéquate pour prévenir les risques et préparer au travail? », s’interroge l’auteur.
Les résultats de cette étude peuvent être consultés sans frais à http://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/100981/n/raisons-formation-techniques-securitaires-manutention-revue-critique-litterature. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur le Web, Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST