IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Effets de la maturation des données sur les indicateurs de santé et sécurité du travail

  • 11 décembre 2017

Montréal, le 11 décembre 2017 – Les indicateurs actuels de SST sont généralement élaborés par le personnel de l’IRSST à partir de données administratives de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), qui ont en moyenne trois ans de maturité. Cette période est présumée suffisante pour dresser un portait comparable à celui qu’on obtiendrait avec des données à pleine maturité, soit celles que l’on tirerait, par exemple, de dossiers d’indemnisation fermés. Or, des scientifiques de l’IRSST ont voulu déterminer dans quelle mesure les indicateurs qu’ils produisent seraient différents s’ils avaient recours à des données dont la maturité est trois fois plus longue (9 ans).

« Nous avons mis en évidence que le prolongement de la période de maturité des données peut avoir des effets assez importants sur la valeur des indicateurs (durée d’indemnisation, coût, etc.). Toutefois, elle a un impact minime sur l’identification de groupes cibles à partir de classements selon les indicateurs et par descripteur de lésions (siège, nature, genre, agent causal). Par contre, avec une maturité plus importante, la valeur des indicateurs pour des descripteurs tels que les lésions au dos ou les problèmes de santé psychologique est modifiée; le rang qu’ils occupent subit les plus fortes progressions, tout en étant les descripteurs dont le coût moyen par lésion et le coût total augmentent le plus, d’un point de vue relatif », explique le scientifique, Martin Lebeau, de l’IRSST.

Parmi les fluctuations importantes des indicateurs élaborés à l’aide de données ayant 9 ans de maturité plutôt que trois, notons que :

  • la durée moyenne de lésions passe de 88,9 à 128,7 jours, soit une hausse de 45 %;
  • une hausse de 45 % est aussi observée au regard du taux de fréquence-gravité des lésions, qui passe de 3 à 4,3 jours par travailleur;
  • les coûts globaux des accidents du travail et des maladies professionnelles subissent une majoration de 35 %, passant de 4,7 G$ à 6,3 G$;
  • le coût des dossiers de travailleurs ayant bénéficié d’un programme de réadaptation de même que ceux associés à une rechute augmentent de façon beaucoup plus élevée que les dossiers qui n’en ont pas.

Même si la valeur de certains indicateurs peut changer de façon importante, l’étude, qui peut être consultée sans frais à www.irsst.qc.ca, conclut que les variations obtenues n’ont pas suffisamment d’impact pour recommander l’adoption de l’allongement de 3 à 9 ans de la période de maturité des données pour le calcul des indicateurs. L’utilisation de données ayant 3 ans de maturité semble donc tout à fait appropriée. Il faut toutefois prendre en considération que la gravité de certains types de lésions ou de problématiques peut être davantage sous-estimée que pour d’autres.

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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST