Montréal, le 24 novembre 2015 – Le port de gants de protection adapté au travail est l’un des moyens pour réduire le nombre de blessures aux mains, qui représentent environ 15 % des lésions indemnisées. Or, si les paramètres de résistance à la coupure et à la perforation des gants neufs sont généralement connus, on compte peu d’études sur la performance dans le temps de gants exposés à des fluides de coupe. Des chercheurs ont donc voulu cerner les effets de cette contrainte.
Ludovic Tuduri
Chantal Gauvin
En collaboration avec deux entreprises du secteur de l’usinage de métal, ils ont testé en laboratoire les propriétés mécaniques de divers modèles de gants exposés à des fluides de coupe. De plus, six types de polymères (nitrile, polyuréthane, PVC, néoprène, butyle, latex) utilisés pour fabriquer les gants ont été testés afin d’établir lesquels résistaient le mieux à 7 contaminants. En se basant sur ces résultats, les chercheurs ont sélectionné des gants qu’ils ont par la suite testés en entreprise pour vérifier auprès des travailleurs, à l’aide de questionnaires, si ces nouveaux modèles répondaient à leurs besoins, et pour mesurer la résistance des gants usagés comparativement à celle des gants neufs.
Les essais en laboratoire ont établi que l’état de contamination du gant avait un effet significatif sur la résistance mécanique des gants, notamment sur la résistance à la perforation. Les résistances à la coupure et à la perforation ont tendance à diminuer pour la plupart des gants lorsqu’ils sont en contact avec un fluide de coupe. L’effet du nettoyage sur la performance des gants a aussi été évalué de manière exploratoire.
« À partir d’essais de gonflement, la résistance chimique des gants aux fluides de coupe a pu être établie. Ainsi, les membranes en nitrile et en polyuréthane sont les plus résistantes, suivies de celles en PVC et en néoprène. Les membranes en butyle et en latex ne sont pas résistantes aux fluides de coupe. Toutefois, divers paramètres peuvent modifier cette résistance chimique. Ainsi, le nitrile résiste mieux aux fluides de coupe à température ambiante, mais il perd sa supériorité lorsqu’il est exposé à des températures élevées (80 °C ou plus). L’analyse des données a permis également de déterminer quels paramètres des fluides de coupe et des polymères ont un impact significatif sur le gonflement, donc sur la résistance de ces polymères lorsqu’exposés à ces fluides de coupe » », explique Ludovic Tuduri, chercheur à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST). Quant au programme d’usure en entreprise, il a mis en évidence que les effets d’une utilisation normale des gants soumis à l’action des fluides de coupe et à une usure mécanique sont très complexes et différents de ceux obtenus en laboratoire. « Il demeure que le degré de protection des gants usagés est systématiquement plus faible que celui des gants neufs, en raison, entre autres, de la dégradation chimique des matériaux. Au regard de la satisfaction des travailleurs, les essais montrent qu’il n’existe pas de modèles de gants universels, adaptés à toutes les tâches. Les avis des travailleurs étaient parfois partagés, mais nous avons tout de même été en mesure de déterminer deux types de gants pouvant remplacer ceux fournis par l’une de nos deux entreprises partenaires », précise l’ingénieure Chantal Gauvin de l’IRSST.
Les résultats de cette étude peuvent être consultés sans frais à http://www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/100954/n/fluides-coupe-resistance-coupure-perforation-gants-protection. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST