Grâce à la création d’une base de données unique provenant de données colligées par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ), des chercheurs ont réalisé une étude inédite qui contribue à une meilleure compréhension des accidents routiers au travail (ART), tout en fournissant une information utile pour élaborer des programmes de prévention adaptés. L’étude se distingue par le choix des méthodes utilisées, soit l’analyse des correspondances multiples et l’analyse de classification des données relatives à plus de 8000 travailleurs indemnisés par la CSST à la suite d’un ART survenu entre les années 2000 et 2008.
Les ART représentent la première cause des décès accidentels au travail. Les travailleurs tués ou blessés dans ce type d’accidents sont principalement des conducteurs (83 %), mais on y retrouve aussi des passagers (11 %) et des piétons (6 %). Près de quatre victimes sur cinq œuvrent dans les secteurs de l’administration publique (22 %), du transport et de l’entreposage (20 %), du commerce (14 %), des autres services commerciaux/personnels (12 %) et des services médicaux et sociaux (10 %). Le quart d’entre elles sont des camionneurs ou des chauffeurs-livreurs, 10 % des policiers, 6 % des manœuvres ou manutentionnaires, 5 % des chauffeurs d’autobus et 3 % du personnel spécialisé et auxiliaires des soins infirmiers et thérapeutiques.
Les ART sont divisés en sept segments. Ce sont majoritairement les collisions entre deux véhicules ou plus en milieu urbain qui sont responsables du quart des victimes des ART. Suivent (23 %) les collisions dans un lieu où la limite de vitesse est plus élevée, les accidents mettant en cause un seul véhicule (18 %) telles des sorties de route ou des collisions avec un objet fixe. Le reste est constitué des travailleurs qui n’ont pas subi de blessures apparentes lors de l’accident (16 %), des accidents impliquant principalement des véhicules d’urgence (10 %) tels les voitures de police, les ambulances et les camions incendie, des travailleurs piétons (6 %) et, enfin, des travailleurs blessés lors des ART dans un environnement forestier (2 %) qui, même s’ils sont peu nombreux, génèrent une fois sur quatre des blessures graves ou mortelles.
« Au regard du sexe, les hommes sont davantage concernés par les ART (74 %) que les femmes, ce qui reflète leur concentration dans des emplois qui les amènent à conduire un véhicule. Par contre, on retrouve deux fois et demie moins de jeunes âgés de moins de 24 ans dans les ART que dans les accidents de la route en général avec blessés, ce qui suggère qu’ils sont moins exposés que leurs aînés aux risques de la conduite régulière d’un véhicule dans le cadre du travail. Il faut aussi retenir que, sur la base des données tirées des rapports que les policiers acheminent à la SAAQ, on peut avancer que, parmi les causes d’accident, la vitesse et la conduite imprudentes ont été signalées dans près de 30 % des cas », précise un des auteurs de l’étude, le chercheur François Bellavance, du Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d'entreprise, la logistique et le transport (CIRRELT).
Financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), cette étude peut être consultée sans frais à http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-792.pdf.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST