Montréal, le 27 mars 2017 – Les travailleurs du compostage sont exposés à des agents chimiques et biologiques dont certaines particules ont, en raison de leur taille, la capacité de pénétrer profondément à l’intérieur des poumons. C’est ce que conclut une étude scientifique réalisée dans trois centres québécois traitant des matières organiques différentes (résidus organiques résidentiels, fumier de bovins laitiers, carcasses et tissus d’animaux) et qui avait pour objectif de comparer les concentrations de contaminants dans l’air afin d’estimer les risques pour la santé des travailleurs.
Geneviève Marchand, microbiologiste, IRSST
« Le compostage favorise l’activité biologique ce qui produit une hausse significative des concentrations de microorganismes et de gaz dans l’air auxquelles les travailleurs sont exposées. Des différences ont été établies tant au regard des microorganismes que des composés gazeux selon les intrants utilisés par les centres. Ainsi, de l’ammoniaque à un niveau supérieur à la norme a été détectée au site de compostage du fumier. Quant aux bactéries, elles ont été détectées à un niveau qui excède les recommandations aux centres de compost du fumier et des résidus organiques. Des concentrations importantes de moisissures ont été mesurées dans les trois centres, mais c’est au site de compostage des carcasses et tissus d’animaux qu’elles étaient les plus élevées, soit 76 fois le niveau recommandé.
Dans les centres de compostage ayant participé au projet, les chercheurs ont aussi démontré qu’il existait différents agents opportunistes dont la présence dans l’organisme est susceptible de provoquer des maladies. « Des bactéries du genre Legionella spp et Mycobacterium ont été détectées dans plusieurs échantillons d’air et de compost confirmant ainsi leur présence potentielle au Québec. De tels constats n’avaient pas encore été rapportés dans les centres québécois de compostage. Ces résultats montrent l’importance d’utiliser des marqueurs microbiens pour évaluer plus rapidement, plus spécifiquement et de façon mieux ciblée le risque encouru par les travailleurs », précise Geneviève Marchand, microbiologiste à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).
En raison des concentrations élevées de contaminants microbiens mesurées et du fait qu’un travailleur peut respirer ces particules en raison de leur petit diamètre, il serait judicieux d’envisager l’utilisation d’une protection respiratoire lors de manipulations importantes de compost, même si la durée de l’exposition est limitée », de conclure la microbiologiste.
L’étude intitulée Évaluation des bioaérosols et des composés gazeux émis lors des compostages de résidus agroalimentaires et résidentiels peut être consultée sans frais à www.irsst.qc.ca/publications-et-outils/publication/i/100920/n/bioaerosols-composes-compostages-agroalimentaires-residentiels.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques