IRSST - Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

Mieux gérer les risques associés à la fatigue des policiers et policières

  • 28 mars 2022

Montréal, le 28 mars 2022 – La fatigue physique et mentale est bien présente chez les travailleurs et travailleuses des services d’urgence, en particulier les policiers et policières. Une recherche financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), qui s’insère dans une démarche paritaire, a permis d’élaborer les bases scientifiques d’un outil d’estimation des risques liés à la fatigue, scientifiquement validé, afin de permettre de réduire les risques d’incidents et accidents au travail chez les policiers et policières.

Plusieurs facteurs contribuent à générer de la fatigue chez les travailleurs et travailleuses des services d’urgence. Le travail de nuit et rotatif entraîne une perturbation importante dans l’horaire de sommeil et d’éveil, ce qui augmente le risque de baisse de performance, d’erreurs, d’incidents et d’accidents au travail en plus de réduire la productivité et d’affecter la santé des travailleurs et travailleuses. Les chercheurs ont développé la composante centrale d’un système de gestion des risques liés à la fatigue (SGRF). « Cette composante repose sur des données scientifiques et consiste en un outil de prédiction des risques liés à la fatigue, propre aux services de police qui ont participé à cette étude », mentionne la Dre Diane B. Boivin, chercheuse, professeure titulaire au Département de psychiatrie à l’Université McGill et fondatrice du Centre d’étude et de traitement des rythmes circadien de l’institut Douglas. Elle précise que l’outil pourra être adapté pour d’autres organisations œuvrant dans les services d’urgence ou celles confrontées à des horaires atypiques de travail.

Pour réaliser l’étude, un total de 76 policières et policiers en santé, âgés de 20 à 65 ans, travaillant à temps plein sur la patrouille ont été étudiés. « Les policiers et policières recrutés ont été étudiés pendant un cycle complet de travail, soit environ un mois, souligne la chercheuse. Les participants ont porté un actigraphe sur leur poignet, qui est similaire à une petite montre, permettant de documenter leur horaire de sommeil. » En parallèle, ils ont aussi fait plusieurs entrées quotidiennes sur un appareil téléphonique portatif afin de documenter leurs périodes de sommeil, leurs niveaux de fatigue, de vigilance et de somnolence en plus de compléter des tests validés de performance.

Plusieurs observations

Plusieurs constats ont été dégagés de cette étude. « Grâce à nos recherches, nous avons pu démontrer, entre autres, que la fatigue varie en fonction des heures travaillées et de l’heure de la journée. Par exemple, elle est plus marquée la nuit comparativement au jour. Elle est aussi plus marquée en début de quart de jour et en fin de quarts de nuit », explique Diane B. Boivin. Elle ajoute que les variables de fatigue et de performance dépendent aussi du service de police étudié, ce qui renforce l’importance de collecter des données spécifiques à chaque organisation.

Le rapport Système de gestion des risques liés à la fatigue pour les policiers en autopatrouille présente les bases d’un outil d’estimation des risques liés à la fatigue au travail, qui catégorise les risques liés à la fatigue selon quatre niveaux ; faible, modéré, élevé et très élevé. « Nous croyons que la possibilité d’estimer les risques liés à la fatigue au travail permettra aux organisations de se doter d’une politique efficace de gestion de ces risques. De plus, il sera possible d’utiliser les connaissances émanant de cette recherche pour d’autres besoins, comme des modules de formation sur la gestion de la fatigue au travail pour les travailleurs et travailleuses sur horaires atypiques », conclut la chercheuse.

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Source
Noémie Boucher
Adjointe au directeur, volet communications
514-258-4640
IRSST