Des chercheurs ont voulu déterminer si un programme de prise de décision partagée (PDP) était applicable en matière de réadaptation au travail et acceptable pour les acteurs clés (travailleurs, employeurs, syndicats, assureurs) en contexte québécois. Approche centrée sur la personne, le programme de PDP permet de traiter les écarts entre les travailleurs et les autres acteurs par rapport au but et au plan d’action à appliquer en matière de réadaptation. L’étude visait également à évaluer le niveau d’implantation d’un tel programme en contexte naturel et son impact sur la satisfaction des acteurs et le retour au travail du travailleur.
Pour atteindre ces objectifs, les scientifiques ont d’abord consulté l’ensemble des acteurs-clé (n = 51) lors de groupes de discussion pour déterminer la faisabilité d’implanter la PDP et les adaptations nécessaires. Ensuite, pour l’implantation, une étude de cas multiples a permis de colliger des données quantitatives et qualitatives à l’aide de questionnaires, d’entrevues et d’observations auprès de 40 cas incluant pour chacun d’eux différents acteurs clés. « L’avantage de l’ensemble de la méthode utilisée, de l’adaptation du programme jusqu’à l’évaluation de son acceptabilité auprès des acteurs, est d’avoir combiné à la fois les données probantes et la perspective des utilisateurs. À partir des données probantes, il a été possible d’intégrer les composantes essentielles d’une PDP. La méthode pallie donc les critiques formulées à l’égard des programmes strictement basés sur les données probantes qui peuvent ne pas s’arrimer à la réalité terrain et, à l’inverse, aux programmes basés seulement sur les utilisateurs qui peuvent ne pas considérer l’état des connaissances dans les écrits scientifiques », explique l’auteure principale, la psychologue Marie-France Coutu, Ph. D., professeure titulaire à l’Université de Sherbrooke.
Les résultats de l’étude ont démontré que le programme de PDP est acceptable pour les parties, même si des nuances y ont été apportées pour favoriser sa faisabilité. Pour leur part, les travailleurs ont apprécié avoir leur mot à dire à l’égard de leur trajectoire de réadaptation alors que les cliniciens voient dans la PDP une façon systématique d’aider le travailleur à prendre une décision relative à son retour au travail. De façon générale, l’ensemble des acteurs a compris l’importance de la collaboration entre chaque participant. Des outils accompagnent la PDP, afin d’aider à systématiser son implantation. Une formation a également été élaborée dans le cadre de ce projet et est actuellement offerte, entre autres, par l’Ordre des ergothérapeutes du Québec.
Le programme de PDP s’est donc révélé prometteur dans le contexte de la réadaptation d’un travailleur ayant une incapacité due à un trouble musculosquelettique et pourrait s’appliquer à diverses problématiques liées à l’incapacité.
Cette étude financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) peut être consultée sans frais à www.irsst.qc.ca. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous sur le Web, Twitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST