Montréal, le 9 juin 2015 – Une équipe de recherche vient de brosser un portrait des pratiques de prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) en bureautique au Québec, autant celles qui sont prometteuses que celles qui se sont heurtées à des difficultés. Pour ce faire, les chercheurs ont d’abord interrogé 25 praticiens, dont 22 étaient diplômés en ergonomie. Ensuite, ils ont constitué un échantillon de 124 personnes (employés, gestionnaires, responsables SST, ergonomes, etc.) provenant de 18 établissements privés ou publics de moyenne et de grande tailles (entre 225 et 28 000 employés). Chaque personne a fait l’objet d’un entretien visant à mettre en évidence son rôle dans la prévention des TMS associés à la bureautique, incluant une visite du poste de travail des 32 employés de l’échantillon afin de connaître le type de mobilier et d’équipements qu’ils utilisaient. Les scientifiques tenaient également à décrire les démarches d’évaluation des aménagements du poste visant à ajuster ou changer le mobilier, les chaises, les accessoires (appui-bras, support à clavier, casque d’écoute, etc.) ou les équipements informatiques dans un objectif de prévention.
Il appert que les ergonomes d’entreprise et de pratique privée font systématiquement des évaluations correctives de poste et de la formation d’employés, en plus de jouer un rôle dans le choix de mobiliers et d’équipements. De leur côté, les ergonomes affiliés à des organismes publics interviennent plutôt par le biais de la formation de personnes ressources et par la diffusion d’informations sur des sites intranet et internet, ce que font aussi les ergonomes d’entreprise. On constate qu’il y a peu d’offres et de demandes en ce qui a trait à la formation de nouveaux employés et à la conception d’aménagement ou de milieux de travail.
Pour leur part, les 32 employés ont unanimement exprimé leur satisfaction au regard des interventions en reconnaissant qu’elles avaient contribué à réduire ou à faire disparaître les inconforts et les douleurs ressenties. Les chercheurs ont pu déterminer les rôles majeurs en prévention de diverses personnes, nommées acteurs clés et l’importance de la synergie entre eux. Selon cette recherche, les principaux facteurs de succès et d’échec d’une intervention visant à prévenir les TMS liés à l’utilisation de l’ordinateur étaient entre autres 1) la formation ou le manque de formation, 2) la bonne ou la mauvaise collaboration entre les acteurs clés, principalement des gestionnaires, praticiens, représentants des travailleurs, responsables de l’informatique et des achats, 3) la sensibilité ou le manque de sensibilité de l’employeur à vouloir prévenir les TMS.
« Cette étude a aussi démontré qu’une expertise unique a été développée par les praticiens québécois. Avec les données recueillies, la table est mise en vue de la construction d’un guide des bonnes pratiques qui priorisera les actions de prévention des TMS en bureautique. En collaboration avec les représentants d’entreprise, les praticiens et les chercheurs, nous pourrons élaborer un guide, l’adapter aux petites et moyennes entreprises, mais aussi à l’appartenance au secteur privé ou public et au fait de disposer ou non d’un ergonome ou d’un kinésiologue parmi le personnel. Ce guide n’imposerait pas de recette, mais dégagerait plutôt les grands principes d’action d’une intervention efficace pour éliminer ou réduire les TMS dont la prévalence est élevée chez les travailleurs à l’ordinateur, particulièrement chez les femmes », précise la professeure Sylvie Montreuil, du Département des relations industrielles de l’Université Laval.
Ce Portrait des pratiques de prévention primaire et secondaire en bureautique au Québec chez les intervenants et dans les milieux de travail financé par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) peut être consulté sans frais à http://www.irsst.qc.ca/-publication-irsst-pratiques-prevention-bureautique-intervenants-r-874.html. Pour en savoir davantage sur les recherches de l’IRSST, suivez-nous surTwitter, Facebook, LinkedIn ou YouTube.
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Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST