Les bioaérosols sont des particules aéroportées qui contiennent des microorganismes vivants (virus, bactéries, moisissures et protozoaires), des substances ou des sous-produits provenant de ces organismes (p. ex. : toxines, microorganismes morts ou fragments de microorganismes). Les bioaérosols sont omniprésents dans l’environnement et dans les milieux de travail. Ils peuvent provenir de personnes, d’animaux, de plantes ou de matériaux. Selon leur composition et leur concentration, certains bioaérosols peuvent poser de sérieux problèmes à la santé des travailleurs. En santé au travail, l’évaluation du risque ne doit absolument pas se limiter au caractère infectieux des microorganismes puisqu’ils peuvent aussi provoquer des effets immunologiques et toxiques néfastes pour la santé des travailleurs.
L’Agence de santé publique du Canada classe les microorganismes en quatre groupes de risque (GR) basés uniquement sur leur caractère infectieux. Ce classement tient compte de la dose infectieuse, du mode de transmission, de l’hôte ainsi que de la disponibilité de mesures préventives et de traitement efficace. Il comprend trois groupes de risque infectieux (GR 2 à GR 4) et un groupe non infectieux (GR 1). Ce classement ne prend aucunement en considération les risques immunologiques, toxiques ou irritatifs pourtant reconnus en santé au travail. Malgré leur nature non infectieuse, l’exposition prolongée et continue à de grandes concentrations de bioaérosols non infectieux (p. ex. : endotoxine, mycotoxine) peut mener à des problèmes de santé sérieux et irréversibles tels la sensibilisation ou le développement de maladies professionnelles (p. ex. : alvéolite allergique extrinsèque, asthme, syndrome toxique d’exposition aux poussières organiques [STEPO], poumon du boulanger, poumon du fermier, poumon des champignonnistes, syndrome des égoutiers, etc.). Cette limite de l’outil de gestion graduée du risque doit être prise en considération lorsqu’on l’utilise pour choisir un appareil de protection respiratoire. Il n’existe pas à l’heure actuelle d’autre système de classement mieux adapté pour les risques en milieu de travail.
Le fait qu’un agent biologique ne soit pas classé ne signifie aucunement qu’il n’est pas un danger pour les travailleurs. Un expert en microbiologie devra le classer en considérant l’ensemble des risques qu’il représente pour la santé des travailleurs.
Un microorganisme qui n’entraîne pas d’effet direct sur les voies respiratoires peut tout de même présenter un risque à la santé pour les travailleurs qui l’inhalent. Ce peut être le cas lorsque les concentrations dans l’air sont élevées et que les particules inhalées finissent par être avalées avec la salive (p. ex. : traitement des eaux usées, éclosion de gastro-entérite).
Il est recommandé de considérer les microorganismes ayant un potentiel d’aérosolisation en milieu de travail, peu importe leur mode de transmission, comme présentant un potentiel de risque à la santé des travailleurs. Il arrive aussi que le mode de transmission de certains agents infectieux émergents ne soit pas bien compris ou ne fasse pas consensus parmi les intervenants (p. ex. : virus Ebola, SARS-CoV2). Dans ce cas, la précaution est de rigueur. Les particules d’un diamètre aérodynamique jusqu’à 100 µm peuvent demeurer en suspension dans l’air et être inhalées. La dimension de la particule inhalée déterminera les sites de déposition dans l’arbre respiratoire. Prévenir l’exposition par inhalation nécessite un appareil de protection respiratoire.