Plusieurs facteurs contribuent à générer de la fatigue physique et mentale chez les travailleurs et travailleuses des services d’urgence. Le travail de nuit et rotatif entraîne une perturbation importante dans l’horaire de sommeil et d’éveil, ce qui augmente le risque de baisse de performance, d’erreurs, d’incidents et d’accidents au travail en plus de réduire la productivité et la santé des travailleurs et travailleuses. Une recherche financée par l’IRSST, qui s’insère dans une démarche paritaire, a permis d’élaborer les bases d’un outil d’estimation des risques liés à la fatigue, scientifiquement validé, afin de permettre de réduire les risques d’incidents et accidents au travail chez les policiers et policières. Cet outil représente la composante centrale d’un système de gestion des risques liés à la fatigue (SGRF).
À l’aide des représentants patronaux et syndicaux de deux services de police, les chercheurs ont créé des groupes de discussion, afin de mieux cerner les problématiques liées à la fatigue au travail. Les policiers et policières recrutés ont été étudiés pendant un cycle complet de travail (environ un mois), durant lequel ils ont porté une petite montre (actigraphe) sur leur poignet afin de documenter leur horaire de sommeil. Ils ont aussi fait plusieurs entrées quotidiennes sur un appareil téléphonique portatif afin de documenter leurs périodes de sommeil, leurs niveaux de fatigue, vigilance, et somnolence, et aussi de compléter des tests validés de performance. Cette recherche a permis, entre autres, de démontrer que la fatigue varie en fonction des heures travaillées et de l’heure de la journée. L’équipe de recherche a pu développer les bases d’un outil qui catégorise les risques liés à la fatigue selon quatre niveaux ; faible, modéré, élevé et très élevé.