Résumé La dernière décennie a vu émerger un intérêt croissant pour le développement et l’utilisation des nanotechnologies (NT) dans différents domaines incluant la chimie, l’électronique, les cosmétiques et le diagnostic/traitement médical. En raison des propriétés uniques des nanoparticules (NP), de leurs multiples applications, de leur potentiel économique et social, et des percées scientifiques dont elles sont à l’origine, plusieurs gouvernements ont décidé d’investir massivement afin de soutenir la recherche, de favoriser l’implantation industrielle et de s’approprier une part de ce marché colossal. Par contre, les efforts de recherche consacrés à caractériser les effets potentiels de l’utilisation de ces matériaux sur la santé et la sécurité des travailleurs ou des consommateurs et sur l’environnement sont beaucoup plus limités. Au niveau mondial, peu d’études ont été conduites pour dresser le portrait de l’exposition des travailleurs aux NP (chercheurs, producteurs, intégrateurs et utilisateurs) et établir la liste de leurs besoins, notamment en matière de santé et de sécurité du travail.La présente étude a pour objectif de dresser le portrait des industries et des laboratoires de recherche universitaire et publique du Québec qui développent, produisent, utilisent ou commercialisent des NP de synthèse. Pour cela, un questionnaire adapté au contexte québécois a été élaboré, validé et complété en ligne grâce à la plateforme informatisée Survey Monkey™. Quelque 2 000 participants et plus de 1 300 entreprises ont été ciblés. Les entreprises ont été contactées par téléphone afin de confirmer leur utilisation ou non de NP et de vérifier leur intérêt à participer à l’étude et à répondre au questionnaire. Les entreprises non rejointes par téléphone et celles qui avaient confirmé l’utilisation de NP ont reçu les informations les invitant et leur permettant de répondre au questionnaire. Pour leur part, les chercheurs associés au NT ont été sollicités par courriel pour participer à ce projet. Le questionnaire a été envoyé à 579 personnes du milieu industriel et à 653 personnes ressources du milieu de la recherche universitaire et publique.Au total, 90 participants, dont 51 provenant du milieu industriel, ont complété le questionnaire. Des entreprises ciblées et rejointes par téléphone, 7,4 % ont mentionné être impliquées en NT. Vingt-neuf pour cent des industries, qui ont déclaré utiliser des NP lors de l’enquête téléphonique, ont complété le questionnaire. La plupart des établissements qui utilisent des NP comptent 250 employés ou moins et la proportion des activités qui impliquent les NP de la majorité d’entre elles est inférieure à 10 % en milieu industriel, sauf pour celles qui en produisent. Les résultats du sondage, jugés significativement représentatifs de la situation au Québec, montrent que la majorité des NP sont utilisées sous forme de poudre et de particules et proviennent principalement des États-Unis et du Canada. Les opérations susceptibles de générer les NP et les mesures de prévention utilisées varient selon les établissements et diffèrent selon que l’établissement œuvre en recherche ou en production industrielle. Quoiqu’une forte proportion des répondants affirme avoir mis en place des mesures de prévention qu’ils croient suffisantes, un nombre non négligeable d’entre eux souhaite avoir une meilleure connaissance des réglementations spécifiques en vigueur, de mesures de manipulation sécuritaire, de la toxicité des NP, des bonnes méthodes de travail, de l’efficacité des équipements de protection individuelle, de la conception sécuritaire des lieux, de la gestion des déchets et de l’impact environnemental. Cette étude démontre que l’essor des NT se poursuit au Québec, qu’il couvre différents secteurs d’activité économique et que les personnes impliquées souhaitent être mieux informées sur les principaux aspects relatifs à une gestion optimale des risques en matière de SST.